Les copies sont anonymes le jour du Bac et pourtant certains prénoms réussissent mieux que d’autres à cet examen. Un constat que l’on doit davantage aux préférences dans les milieux sociaux au gré des époques qu’aux capacités intrinsèques qu’un prénom peut procurer. En tête : Madeleine, Côme ou Irène. En queue : Youssef ou Nabil. Mais les choses changeront !

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    Un prénom remis dans le contexte de son époque traduit souvent le milieu social d'origine. Les enfants des classes supérieures, dont les résultats scolaires sont globalement meilleurs, s'appelaient plutôt Madeleine, Côme ou Irène cette année en Terminale et ont obtenu des bons scores au bac. Mais rien n'est inéluctable. © Kiselev Andrey Valerevitch, shutterstock.com

    Un prénom remis dans le contexte de son époque traduit souvent le milieu social d'origine. Les enfants des classes supérieures, dont les résultats scolaires sont globalement meilleurs, s'appelaient plutôt Madeleine, Côme ou Irène cette année en Terminale et ont obtenu des bons scores au bac. Mais rien n'est inéluctable. © Kiselev Andrey Valerevitch, shutterstock.com

    Prénommer votre enfant Madeleine, Côme ou Irène ne suffira pas à lui garantir une mention « Très bien » au Bac dans 18 ans. Mais s'il travaille assidûment, il pourrait retrouver de nombreux homonymes à ses côtés dans le tableau d'honneur, selon un sociologue des prénoms.

    Selon les observations de Baptiste Coulmont, chercheur au CNRS et spécialiste de la sociologie des prénoms, plus de 25 % des Madeleine, Irène, Côme et Ariane qui ont passé le baccalauréat 2012 ont reçu une mention « Très bien ». Plus d'une Marie-Anne, d'une Anne-Claire et d'un Gaspard sur cinq également.

    En outre, à ces prénoms sont associés relativement peu d'échecs au Bac, seules 3 % des Madeleine devant par exemple passer l'oral de rattrapage, note Baptiste Coulmont sur son blogblog.

    Des prénoms qui reflètent un milieu social

    « Il n'y a bien entendu aucune relation directe entre un prénom et la réussite au Bac », avertit le chercheur de l'université Paris 8 (Vincennes-Saint-Denis). Pas de déterminisme non plus entre prénom et capacités intellectuelles : « si les enfants de professeurs, d'instituteurs et de médecins s'appelaient PotironPotiron et Potironne, alors Potiron et Potironne recevraient beaucoup de mentions », souligne-t-il.

    Le Bac est un examen important dans la vie d'un lycéen et une clé indispensable pour mener certaines études. Pour l'obtenir, le prénom importe peu... © Alex Leanos, nopsa.hiit.fi, cc by 2.0

    Le Bac est un examen important dans la vie d'un lycéen et une clé indispensable pour mener certaines études. Pour l'obtenir, le prénom importe peu... © Alex Leanos, nopsa.hiit.fi, cc by 2.0

    Si relation il y a, elle est indirecte et intimement liée au milieu social des parents. En l'occurrence, Madeleine, Côme et Irène reflèteraient donc majoritairement des prénoms en vogue chez les classes supérieures et les cadres voici environ 18 ans.

    De leur côté, les ouvriers et employés ont depuis une trentaine d'années tendance à préférer des prénoms aux consonances anglo-saxonnes ou reflétant leurs éventuelles origines étrangères. On constate en effet dans le recensement, non exhaustif, effectué par le sociologue qu'aucun des 125 Youssef ou 105 Nabil n'a obtenu de mention « Très bien » et que plus de 30 % d'entre eux sont dans la situation de passer l'oral de rattrapage.

    Choisir un prénom pour que son enfant ait une mention au Bac ?

    De la même manière en 2012, « seules une ou deux Sandy, Alison ou Sofiane décrochent la mention "Très bien". Quatre Christopher (sur 300) et cinq Mohamed (sur 400). Huit Cassandra et huit Sabrina sur 470 », relève Baptiste Coulmont.

    Et attention, si vous appelez aujourd'hui votre fille Madeleine, elle n'obtiendra pas, dans 18 ou 19 ans, une mention « Très bien » avec des chances égales aux Madeleine qui avaient 18 ans en 2012, insiste-t-il.

    Car selon le chercheur, « le monde des prénoms évolue chaque année » et la Madeleine d'aujourd'hui n'est pas celle d'avant-hier.