Sur cinq personnes infectées par le virus A(H1N1) pandémique, une seule présenterait des symptômes caractéristiques. Les autres ne s'en apercevraient même pas et seraient alors immunisées. C'est le résultat d'une étude française, qui pousserait donc à revoir à la baisse la dangerosité de cette grippe.

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    Face à la pandémie grippale, il y a ceux qui échappent au virus et ceux qui l'inhalent. Et parmi eux, certains deviennent malades tandis que les autres ne montrent aucun signe. On les dits asymptomatiques. Pour la grippe saisonnière classique, on estime qu'ils sont 50%.

    Et pour la grippe pandémique ? Une équipe de l'université d'Aix-Marseille a voulu le savoir et a lancé l'étude SéroGrippeHebdo, avec l'aide de l'Institut de veille sanitaireInstitut de veille sanitaire (INVS) et l'Institut de microbiologie et maladies infectieuses (IMMI). Quand un virus a tenté d'envahir le corps mais qu'il a été efficacement vaincu par les défenses immunitaires de l'organisme, il reste dans le sang des traces de cette lutte, en l'occurrence des anticorps spécifiques de ce virus. Il suffit de repérer ces anticorps dans le sérum sanguin pour estimer la proportion de personnes ayant un jour rencontré le virus (on parle d'une mesure de la séroprévalence).

    Les médecins ont choisi comme cobayes les femmes enceintes, de 20 à 39 ans, au premier trimestre de la grossesse et bien sûr non vaccinées contre la grippe A. Il leur était proposé un test supplémentaire, effectué chaque semaine, de recherche d'anticorps contre le virus grippal en plus des contrôles habituels pour détecter la rubéole ou la toxoplasmosetoxoplasmose.

    Quatre cas asymptomatiques sur cinq ?

    Résultat étonnant : au cours de la première semaine de décembre, 10,6% des 500 femmes enceintes contrôlées possédaient les anticorps dirigés contre le virus de la grippevirus de la grippe A pandémique. Elles l'avaient donc rencontré. Or, la même semaine, les réseaux Sentinelles, qui comptabilisent les consultations médicales, ont observé que 2% seulement des personnes de cette tranche d'âge ont consulté un médecin pour des symptômessymptômes grippaux.

    La conclusion de l'étude, qui vient d'être publiée sur le récent site PlosOne InfluenzaInfluenza, une collection d'articles scientifiques sur la grippe en accès libre, est donc que la quantité de personnes touchées par le virus A(H1N1) pandémique est bien plus élevée qu'on ne le pense. A l'aune de ces données brutes, sur cinq personnes infectées, une seule consulterait pour des symptômes grippaux. Les quatre autres ne ressentiraient rien ou si peu qu'elles ne se rendraient pas chez le médecin.

    Le nombre de cas asyptomatiques serait donc de 4 sur 5, un taux énorme par rapport à la grippe saisonnière et son 1 sur 2. L'INVS, de son côté, estime dans son dernier Bulletin épidémiologique hebdomadaire que cette proportion est de 30%.

    En extrapolant simplement les chiffres de l'étude à l'échelle de la population française métropolitaine, l'équipe estime que 1,712 million d'hommes et de femmes de cette tranche d'âge ont été infectés par le virus. A l'échelle de la population française, puisque cinq millions de personnes ont consulté un médecin pour des symptômes grippaux depuis le début de l'épidémieépidémie, on peut alors estimer à 20 millions le nombre de personnes ayant rencontré le virus.

    Cette population serait donc désormais naturellement immunisée contre le virus. Les auteurs de l'étude (Antoine Flahault, Xavier de Lamballerie, Camille Pelat, Nicolas Salez et Thomas Hanslik) sont toutefois prudents et veulent des chiffres plus précis pour conclure. Selon eux, tout de même, l'étude montre que les cas asymptomatiques sont plus nombreux pour la grippe A(H1N1)grippe A(H1N1) pandémique que pour la grippe saisonnière.