Les nanotechnologies ont besoin de moteurs : comment, en effet, assurer et contrôler les mouvements de ces structures minuscules ? Des chercheurs français proposent une solution : imiter le fonctionnement des fibres musculaires en exploitant les liaisons supramoléculaires.

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    La nature fabrique de nombreuses machines dites « moléculaires ». Assemblages de protéines très complexes, elles sont à l'origine de fonctions essentielles du vivant comme le transport d'ionsions, la synthèse de l'ATP (moléculemolécule énergétique) ou la division cellulaire. Nos muscles sont ainsi contrôlés par le mouvementmouvement coordonné de ces milliers de nanomachinesnanomachines protéiques qui ne fonctionnent individuellement que sur des distances de l'ordre du nanomètre (nm). Mais en s'associant par milliers, elles amplifient le même mouvement télescopique jusqu'à atteindre notre échelle et ce de manière parfaitement coordonnée. Même si des progrès fulgurants ont été accomplis ces dernières années par les chimistes pour la fabrication de nanomachines artificielles (dont les propriétés mécaniques intéressent de plus en plus chercheurs et industriels), restait le problème de la coordination de plusieurs de ces machines dans l'espace et dans le temps. 

    C'est désormais chose faite puisque, pour la première fois, l'équipe de Nicolas Giuseppone de l'université de Strasbourg a réussi à synthétiser de longues chaînes polymèrespolymères incorporant par liaisons supramoléculaires des milliers de nanomachines capables de produire chacune des mouvements télescopiques linéaires de 1 nm. Sous l'influence du pH, leurs mouvements simultanés permettent à l'ensemble de la chaîne polymère de se contracter ou de s'étendre sur une dizaine de micromètresmicromètres, amplifiant ainsi le mouvement par un facteur 10.000, selon les mêmes principes que ceux utilisés par les tissus musculaires. Les mesures précises de cette prouesse expérimentale ont été effectuées en collaboration avec l'équipe d'Éric Buhler, physicienphysicien spécialiste de la diffusiondiffusion du rayonnement à l'université Paris Diderot. 

    Ces résultats obtenus par une approche biomimétiquebiomimétique, et publiés dans la revue Angewandte Chemie International Edition, permettent d'envisager de très nombreuses applicationsapplications pour la réalisation de muscles artificiels, de microrobots ou pour la conception de matériaux incorporant des nanomachines dotées de nouvelles propriétés mécaniques multiéchelle.