D'après une étude américaine, le bisphénol A serait également présent dans les produits conditionnés en conserve, en migrant sur les aliments sans même être chauffé. Après une expérience de quelques jours, durant lesquels des volontaires ont mangé des soupes en boîte, leur taux de BPA a augmenté de 1.000 % ! 

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    En France, le bisphénol A sera officiellement interdit dans les contenants alimentaires en janvier 2014. © Phovoir

    En France, le bisphénol A sera officiellement interdit dans les contenants alimentaires en janvier 2014. © Phovoir

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    On le savait déjà : le bisphénol A migre au sein des aliments chauffés dans les plastiquesplastiques de type polycarbonate. Devrons-nous désormais nous méfier aussi des aliments en boîtes ? En effet, une équipe américaine a découvert des concentrations anormalement élevées de ce perturbateur endocrinien chez certains consommateurs de soupes industrielles !

    Il y aurait bel et bien du bisphénol A (BPA) dans les soupes industrielles. D'après un travail mené par des chercheurs de la Harvard School of Public Health à Boston (Massachusetts), cette moléculemolécule reconnue cancérigène pour l'Homme est présente dans certains aliments, et non pas seulement dans leurs emballages.

    Un taux de bisphénol A augmenté de 1.000 % !

    Deux groupes de volontaires rassemblant au total 75 sujets, se sont vu proposer pendant 5 jours de suite, et alternativement, de la soupe en boîte et de la soupe préparée à base de légumes frais. Les membres du premier groupe ont d'abord absorbé durant 5 jours de la soupe fraîche, tandis que ceux du second se voyaient proposer de la soupe en boîte pendant la même période. Puis après 2 jours de « repos », le régime des deux groupes a été inversé : soupe en boîte dans le premier, soupe fraîche pour le second...

    Les résultats ont été spectaculaires. Dans chacun des deux groupes en effet, le taux urinaire de bisphénol A s'est trouvé augmenté de... 1.000 % au moment de la consommation de soupes en boîte. C'est-à-dire qu'il a été multiplié par un facteur onze ! « Nous ne nous attendions pas à de tels résultats, souligne Karin Michels, l'un des auteurs de l'étude. De tels taux peuvent être préoccupants pour ceux qui consomment quotidiennement ces aliments. »

    Le bisphénol A, perturbateur endocrinien, serait présent dans les aliments conditionnés en boîtes de conserve et dans les boissons en canettes. L'étude des chercheurs américains a porté sur les soupes industrielles en conserve. Le taux de bisphénol A dans les soupes en brique, très présentes en France, n'a pas été étudié. © bloggyboulga, Flickr CC by nc-sa 2.0

    Le bisphénol A, perturbateur endocrinien, serait présent dans les aliments conditionnés en boîtes de conserve et dans les boissons en canettes. L'étude des chercheurs américains a porté sur les soupes industrielles en conserve. Le taux de bisphénol A dans les soupes en brique, très présentes en France, n'a pas été étudié. © bloggyboulga, Flickr CC by nc-sa 2.0

    Canettes et conserves à éviter ?

    Ce travail est l'un des tout premiers à quantifier le taux de BPA chez l'Homme après consommation d'aliments en conserve. Ses résultats sont-ils transposables à la France où les soupes en conserve sont le plus souvent vendues en briques et autres contenants plastiques ?

    Pour Jenny Carwile qui a elle aussi participé à cette publication, « d'autres études ont mesuré le BPA dans différents aliments en conserve. Nous estimons donc que la consommation de ces produits entraînerait les mêmes effets ». Elle précise cependant que les soupes en brique n'ont pas été étudiées. Aucune conclusion ne peut donc être tirée les concernant. En revanche, les boissons contenues dans des canettes exposeraient elles aussi au risque de migration du bisphénol Abisphénol A.

    Rappelons que le BPA est une molécule perturbatrice du système endocrinien. Elle jouerait un rôle dans les maladies cardiovasculaires, les cancers hormonodépendants, le diabète et l'obésité chez l'Homme. Pour toutes ces raisons, les auteurs préconisent son éviction de tous les contenants alimentaires. Cependant, en l'absence de substitut le BPA ne sera définitivement interdit en France qu'au 1er janvier 2014.