Alors que les effets de l'exposition à de multiples produits sur le développement de cancers sont toujours controversés, l'Agence française de sécurité sanitaire de l'environnement et du travail recommande de mieux les prendre en compte dans leur ensemble, et de ne plus s'en tenir aux toxicités de substances chimiques isolées.

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    La pollution de l'atmopshère doit être prise en compte dans l'épidémiologie des cancers, mais aussi les habitudes alimentaires, les polluants domestiques et l'environnement professionnel. © Pfala / Flickr - Licence Creative Common (by-nc-sa 2.0)

    La pollution de l'atmopshère doit être prise en compte dans l'épidémiologie des cancers, mais aussi les habitudes alimentaires, les polluants domestiques et l'environnement professionnel. © Pfala / Flickr - Licence Creative Common (by-nc-sa 2.0)

    Pesticides, matières plastiquesmatières plastiques, produits cosmétiques, additifs alimentaires et autres polluants sont régulièrement accusés d'avoir une part de responsabilité dans l'étonnante progression de certains cancers que connaissent les pays développés depuis une vingtaine d'années. En Europe, le cas le plus spectaculaire est celui du cancer du sein. Selon l'OMS, son incidence (taux d'apparition de la maladie) était en 1970 de 30 à 50 pour cent mille habitants, selon les pays. En 2003, elle atteignait 50 à 170.

    Mais quelles preuves a-t-on ? En France, le moins que l'on puisse dire est qu'il n'existe pas d'accord sur la question. En 2007, l'Académie de médecine concluait que la proportion de cancers dus à la pollution de l'airair, de l'eau ou de l'alimentation était de 0,5%, et qu'elle pourrait être de 0,85% en prenant en compte la pollution atmosphérique. De son côté, le plan national santé environnement (PNSE), pour la période 2004-2008, indiquait que « 7 à 20% » des cancers étaient imputables à des causes environnementales.

    Prendre en compte l'exposition globale

    Aujourd'hui, l'Agence française de sécurité sanitaire de l'environnement et du travailAgence française de sécurité sanitaire de l'environnement et du travail (Afsset) revient sur cette question après la parution, en octobre dernier, d'un rapport de l'Inserm après une étude commandée en 2005 et qui établissait une liste des facteurs à l'effet cancérigène avéré ou débattu. L'avis, rendu public cette semaine, n'avance pas de chiffres mais recommande de prendre en compte la logique du principe de précaution.

    L'Afsset conseille de considérer non pas des substances isolées mais l'ensemble de l'exposition. « Il y a une énorme massemasse de cancers qu'on ne peut expliquer aujourd'hui » résumait Martin Guespereau, directeur général de l'Agence, dans des propos rapportés par l'AFP. L'argument, classique, est que nombre de cancers seraient liés non pas à un seul produit (le tabac pour le cancer du poumoncancer du poumon par exemple) mais à un ensemble de facteurs.

    L'Afsset suggère de considérer aussi les facteurs au rôle cancérigène « débattu » ainsi que l'ensemble des expositions auxquelles peut être soumise une personne. Il ne faudrait donc pas séparer, explique l'Agence, l'exposition lors des activités professionnelles et celles due à l'environnement ou aux habitations, qui peuvent se cumuler.

    Effets d'une multi-exposition et interactions entre différents facteurs sont deux paramètres très difficiles à évaluer, ce qui explique pourquoi on les prend peu en compte aujourd'hui. Mais l'Afsset recommande de faire un effort dans ce sens, en épidémiologie d'abord, mais aussi en croisant d'autres disciplines, comme la « toxicologietoxicologie, l'étude des expositions et les sciences humaines et sociales ».