Comment combattre le cancer, l’un des pires fléaux de l’humanité ? Des scientifiques suggèrent d’utiliser un autre de nos plus féroces ennemis : le VIH. Ou plus précisément l'une des protéines qui lui permet de se multiplier autant...

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    Même si la mortalité du cancer diminue, il faut trouver de  nouvelles solutions face à cette maladie qui emporte environ 150.000 personnes en France chaque année. Il ne faut donc se fermer aucune porte, alors pourquoi ne pas utiliser les propriétés du VIH ? © Anne Weston, Wellcome Images, Flickr, cc by nc nd 2.0

    Même si la mortalité du cancer diminue, il faut trouver de  nouvelles solutions face à cette maladie qui emporte environ 150.000 personnes en France chaque année. Il ne faut donc se fermer aucune porte, alors pourquoi ne pas utiliser les propriétés du VIH ? © Anne Weston, Wellcome Images, Flickr, cc by nc nd 2.0

    Transformer le VIH en outil biotechnologique au service de notre santé : tel est l'objectif d'une équipe du laboratoire Architecture et réactivité de l'ARN du CNRS. Grâce à la machinerie de réplication du VIH, les chercheurs ont réussi à sélectionner une protéine mutante particulière. 

    Associée à un médicament anticancéreux dans des cellules tumorales en culture, cette protéine entraîne une meilleure efficacité du traitement utilisé à des doses 300 fois moins importantes. Publiés dans la revue Plos Genetics le 23 août 2012, ces travaux laissent entrevoir des applicationsapplications thérapeutiques à long terme dans le traitement du cancer et d'autres pathologies.

    Le VIH, un virus en perpétuelle mutation

    Le virus de l'immunodéficienceimmunodéficience humaine (VIH), responsable du Sida, utilise le matériel des cellules humaines pour se multiplier, notamment en insérant son matériel génétiquematériel génétique dans le génome des cellules hôtes. La principale caractéristique du VIH est de muter en permanence et, par conséquent, de générer au cours de ses multiplications successives, plusieurs protéines mutantes (ou variants). C'est pourquoi ce virus est capable de s'adapter à de nombreux changements environnementaux et contrecarre les traitements antivirauxantiviraux mis au point jusqu'à présent.

    Le VIH, ici en bleu, infeste et détruit les lymphocytes T4, des cellules médiatrices du système immunitaire, conduisant au Sida. Mais en utilisant certaines de ses propriétés à notre profit, il pourrait contribuer à la lutte contre de terribles maladies, comme le cancer. © R. Dourmashkin, Wellcome Images, Flickr, cc by nc nd 2.0

    Le VIH, ici en bleu, infeste et détruit les lymphocytes T4, des cellules médiatrices du système immunitaire, conduisant au Sida. Mais en utilisant certaines de ses propriétés à notre profit, il pourrait contribuer à la lutte contre de terribles maladies, comme le cancer. © R. Dourmashkin, Wellcome Images, Flickr, cc by nc nd 2.0

    Au sein de l'institut de Biologie moléculaireBiologie moléculaire et cellulaire (IBMC) de Strasbourg, les chercheurs du laboratoire Architecture et réactivité de l'ARNARN ont eu l'idée d'exploiter cette stratégie de multiplication du VIH pour détourner le virus à des fins thérapeutiques, et plus particulièrement pour le traitement du cancer.

    L’un des pires virus pour soigner le cancer

    Ils ont d'abord introduit dans le génome du VIH un gènegène humain qui est présent dans toutes les cellules, celui de la déoxycytidine kinasekinase (ou dCK) : une protéine permettant d'activer les médicaments anticancéreuxanticancéreux. Depuis plusieurs années, les scientifiques cherchent à en produire une forme plus efficace. Via la multiplication du VIH, une base de donnéesbase de données de près de 80 protéines mutantes a été sélectionnée puis testée sur des cellules tumorales, en présence de médicament anticancéreux. 

    Ainsi, ils ont identifié un variant de la dCK plus efficace que la protéine sauvage (non mutée) provoquant la mort des cellules tumorales testées. Les chercheurs sont parvenus à une efficacité identique des médicaments anticancéreux à des doses jusqu'à 300 fois moins importantes. Cette possibilité de diminuer les doses de traitements anticancéreux permettrait non seulement de réduire les problèmes de toxicitétoxicité des composants et les effets secondaires, mais surtout d'améliorer l'efficacité des traitements.

    Avantage de cette technique expérimentale : les protéines mutantes ont été testées directement dans les cellules en culture. Il reste désormais à mener, dans les années à venir, des études précliniques (chez l'animal) pour la protéine mutante isolée. De plus, un grand nombre d'autres applications thérapeutiques seraient possibles à partir de ce système expérimental qui détourne le virus du SidaSida.