Près d'un quart des Français, soit 10,5 millions d’adultes, boivent trop d'alcool, d’après Santé publique France (SpF). Une campagne nationale est lancée afin de sensibiliser la population sur les risques d’une consommation trop importante d’alcool.


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    L'alcoolalcool constitue une des principales causes de mortalité évitable avec 41.000 décès qui lui sont attribuables chaque année en France, rappelle l'agence sanitaire à l'occasion de cette campagne diffusée du 26 mars au 14 avril. Près d'un quart des Français de 18 à 75 ans déclarent consommer au-delà des repères de consommation d'alcool à moindre risque, établis par des experts en mai 2017. Ce chiffre est issu du BaromètreBaromètre de Santé publique France 2017 (25.319 interrogés au total), publié dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) dédié à l'alcool.

    Plus précisément, 19,2 % déclaraient avoir bu plus de deux verresverres d'alcool en une journée au moins une fois au cours de la semaine précédente, 9,7 % déclaraient avoir bu plus de dix verres d'alcool au cours des sept derniers jours et 7,9 % avoir consommé de l'alcool plus de cinq jours sur sept. « Cela représente environ 10,5 millions d'adultes qui boivent trop. Ils boivent en tout cas dans une proportion qui augmente les risques pour leur santé notamment tout ce qui est risques à moyen et long terme : cancers, hypertensionhypertension, hémorragies cérébrales, certaines maladies cardiovasculaires... », déclare à l'AFP Viet Nguyen-Thanh, responsable de l'unité addiction de SpF.

    Majoritairement, il s'agit d'hommes (33 % contre 14 % de femmes). Un tiers de ces personnes dépassant les repères ont un revenu mensuel modeste (inférieur ou égal à 1.200 €). Les plus jeunes consomment plus intensément que les plus âgés, dont la consommation est plus régulière.

    « Pour votre santé, l'alcool, c'est maximum 2 verres par jour. Et pas tous les jours. » Film de la campagne nationale. © Alcool info service, Youtube

    Contrairement aux idées reçues, les risques pour la santé d'une consommation d'alcool existent dès le premier verre quotidien, selon SpF. Pour autant, « notre objectif est de permettre aux Français de faire le choix éclairé d'une consommation à moindre risque pour leur santé », explique le Dr François Bourdillon, directeur général de l'agence sanitaire. Et cela, précise-t-il, « sans nier la dimension plaisir qui peut être associée à la consommation d'alcool ».

    Une campagne pour sensibiliser aux risques liés à l’alcool

    Durant la campagne, un film de 30 secondes (voir ci-dessus), soulignant que « au-delà de deux verres par jour, vous augmentez vos risques d'hémorragie cérébrale, de cancers et d'hypertension », est diffusé sur les chaînes nationales et d'Outre-Mer, les plateformes de vidéo en ligne et les réseaux sociauxréseaux sociaux. Lancée avec le ministère de la Santé, cette campagne comprend aussi des chroniques radio, un volet numériquenumérique et des vidéos dans les salles d'attente d'hôpitaux et maisons de santé.

    Au-delà de deux verres par jour, vous augmentez vos risques d'hémorragie cérébrale, de cancers et d'hypertension

    Un nouvel alcoomètre automatisé, mis au point par SpF, permet de vérifier si sa consommation hebdomadaire d'alcool reste dans les clous. Il est disponible en ligne sur le site www.alcool-info-service.fr. À utiliser sans oublier qu'un verre standard de vin, c'est un petit ballon de bistrot.

    « Ce sont ces 24 % de grands consommateurs qui génèrent également 80 % des dommages liés à l'alcool : il s'agit là aussi bien des dommages pour leur santé -- souvent méconnus, comme le rappelle la campagne vidéo -- que des dommages sociaux : accidents, violences sociales, familiales... », relève l'addictologue Michel Reynaud.

    « Le choix d'un message clair a poussé les experts à ne plus faire de distinction entre hommes et femmes, mais cela ne doit pas dissuader les professionnels de santé de continuer d'informer sur la plus grande fragilité des femmes vis-à-vis de l'alcool », remarque pour sa part dans le BEH le Pr Mickaël Naassila, président de la Société française d'alcoologie.


    Alcool : 49.000 morts chaque année à cause de la boisson en France

    Article de Destination Santé paru le 5 mars 2013

    Durant l'année 2009, 49.000 décès sont directement imputables à l'alcool en France, en grande majorité chez les hommes. Des chiffres très élevés par rapport à nos voisins européens. Au pays du bon vin, aurait-on tendance à en boire trop ?

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      Image du site Futura Sciences

    Selon un travail de l'Institut Gustave Roussy (IGR) à Villejuif, la consommation d’alcool a été responsable de 49.000 décès en 2009, en France. Avec 36.500 décès contre 12.500 chez les femmes, les hommes paient le plus lourd tribut à cette addiction.

    Les Français de 15 ans et plus consomment en moyenne 27 grammes d'alcool pur par jour ! « Les Français boivent beaucoup trop », déplore Catherine Hill, épidémiologiste à l'IGR et auteure de ce travail publié dans l'European Journal of Public Health« Ils consomment près de trois verres par jour, chaque verre équivalant à 10 cl de vin à 12,5°, 25 cl de bière à 5° ou 3 cl d'alcool à 40° (whisky, pastis, gin, rhum). »

    L’alcool plus meurtrier en proportion en France qu’au Danemark

    Dans notre pays, l'alcool est responsable de 22 % des décès qui surviennent entre 15 et 34 ans, 18 % entre 35 et 64 ans et 7 % à partir de 65 ans. Sur les 49.000 morts recensées en 2009, 15.000 étaient liées à un cancer et 12.000 à une maladie cardiovasculaire en rapport avec l'alcool. À cela, il convient d'ajouter 8.000 morts par maladies digestives (cirrhoses) et autant de décès liés à des accidents ou des suicides. Sans oublier ceux qui sont provoqués par d'autres maladies, et notamment les troubles mentaux.

    Un verre, ça va ; trop de verres, bonjour les dégâts. L'alcool a tué près de 50.000 Français en 2009. Que faut-il faire pour changer les choses ? © Ctacik, <a target="_blank" href="http://bit.ly/Kh6tfi">StockFreeImages.com</a>
    Un verre, ça va ; trop de verres, bonjour les dégâts. L'alcool a tué près de 50.000 Français en 2009. Que faut-il faire pour changer les choses ? © Ctacik, StockFreeImages.com

    « Comparée aux autres pays européens, la France est en mauvaise position », explique Catherine Hill. La part des décès attribuables à l'alcool parmi les hommes (13 %) est ainsi bien supérieure en France à celle qui est observée dans d'autres pays comme la Suisse (5 %), l'Italie (3 %) et le Danemark (1 %). « En France, on croit que l'alcool est le problème d'une petite minorité. Or, ce n'est pas le cas si l'on regarde bien les chiffres, souligne la chercheuse. Selon une étude britannique, la consommation optimale est de 0,5 verre par jour, c'est dire si les Français sont loin du compte. »

    Trop peu de traitements contre l’alcoolisme

    Aujourd'hui, les médicaments permettant de traiter la dépendance à l’alcool sont peu nombreux. Différents traitements sont disponibles. Certains aident à éviter les rechutesrechutes (acamprosate, naltrexone), d'autres comme le disulfirame rendent la consommation d'alcool très désagréable. Le baclofène, qui n'a toujours pas reçu son autorisation de mise sur le marchéautorisation de mise sur le marché (AMM) dans cette indication, fait actuellement l'objet de plusieurs études cliniquesétudes cliniques.

    Face à ce désertdésert thérapeutique, l'autorisation de mise sur le marché à l'échelle européenne d'un nouveau traitement, le nalméfène (Selincro), est ressentie comme une bonne nouvelle par les acteurs de la lutte contre la dépendance alcoolique. Ce modulateur des récepteurs aux opioïdesopioïdes agit sur la structure cérébrale de récompense, laquelle se trouve dérégulée chez les personnes dépendantes. Il réduirait ainsi les effets délétères de l'alcool sur ce mécanisme de régulation, et diminuerait l'envie irrépressible de boire. Trait remarquable : il autoriserait des résultats intéressants dans le temps, et surtout une forme de « rééducation » du comportement face à l'alcool. Ainsi, la consommation des patients traités aurait diminué de près de 60 % après six mois de traitement. Un autre médicament est également dans sa dernière phase de tests : l'oxybate de sodiumsodium, ou Alcover.

    Par ailleurs, signalons que les 53 États membres de la Région européenne de l'OMSOMS ont adopté un plan d'action contre l'alcoolisme pour la période 2012-2020. Ce dernier vise à développer des politiques communes sur la réglementation du prix de l'alcool, la lutte contre l'alcool au volant et les restrictions en termes de marketing.