Du début à la fin des Jeux olympiques de Londres, chacun voudra suivre les épreuves et consulter les résultats du jour, et personne ne s’étonnera de trouver toutes les informations en temps réel, à tout moment et sur n’importe quel terminal. En coulisses, il aura fallu mettre au point une organisation sans faille des réseaux informatiques et prévoir les pires scénarios, de la cyberattaque à la panne d’un autobus.

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    C'est la face cachée des JO de Londres : quand 10.500 athlètes seront sous les feux de la rampe, des milliers de techniciens s'activeront en coulisses pour que le complexe système informatique conçu pour l'événement soit à la hauteur des Jeux les plus connectés de l'histoire. Avec l'essor des smartphones et autres tablettes, et l'engouement pour les réseaux sociauxréseaux sociaux, « nous avons calculé qu'il y aurait environ 8 milliards de terminaux connectés à Internet au moment des Jeux... C'est plus que les habitants de la planète », souligne Patrick Adiba, vice-président exécutif, responsable du programme Olympique chez Atos, le groupe qui chapeaute le consortium de six entreprises chargées de l'informatique de ces Jeux d'été. « Cela signifie qu'il y aura une quantité énorme de données à traiter et un nombre considérable de gens qui y auront accès. C'est ce qui fait la particularité de ces JO », précise-t-il.

    D'après l'Américain Cisco, l'un des partenaires d'Atos, qui, notamment, a installé 1.800 bornes Wi-Fi, le réseau informatique verra transiter 30 % de données de plus que lors des Jeux de Pékin, pour lesquels l'activité sur la Toile avait été un sujet sensible. La surveillance et la censure d'Internet avaient été pointées, jusqu'au soupçon d'une intervention chinoise dans l'opération Shady RAT. Les JO sont, il est vrai, l'événement sportif le plus suivi dans le monde, avec une audience estimée, cette fois, à 4 milliards de personnes.

    À charge pour ce consortium de transmettre en temps réel - toutes les 300 millisecondes, la limite de ce qui est perceptible par un être humain - les résultats des compétitions dans le monde entier, de la famille olympique aux sites Internet en passant par les médias et les diffuseurs. Et de fournir les badges d'accès au site olympique, qui font office de carte d'identité sécurisée.

    Le centre de contrôle d'Atos pour la gestion de ses systèmes informatiques dédiés aux Jeux olympiques de Londres. © Atos

    Le centre de contrôle d'Atos pour la gestion de ses systèmes informatiques dédiés aux Jeux olympiques de Londres. © Atos

    Jeux de Pékin en 2008 : 12 millions d'incidents

    Dans une tour du nouveau quartier d'affaires de Canary Wharf, à quelques encablures du stade olympique, le QG d'Atos, équipé de centaines d'ordinateurs, a mené 200.000 heures de tests depuis le début 2011. Pour tenter de parer à tout incident, chaque discipline sportive a été passée au crible et 9.000 scénarios, du plus prévisible au plus inattendu, ont été étudiés. « Certains sont techniques, d'autres beaucoup moins : par exemple, nous pouvons simuler une coupure de courant ou une perte de données, mais aussi un problème de bus qui empêcherait notre personnel d'arriver à son poste de travail. Il faut que les gens sachent réagir face à l'imprévu », explique Patrick Adiba.

    Tous les systèmes ont été dupliqués pour qu'à aucun moment une panne ne perturbe le déroulement des Jeux. Un centre de contrôle, dans lequel travailleront quelque 500 spécialistes, surveillera 24 heures sur 24 le déroulement des opérations. En tout, 9.500 ordinateurs et 900 serveursserveurs ont été déployés pour ces Jeux. Et 3.500 techniciens au total sont mobilisés pour s'assurer que le système informatique est en mesure de transmettre, sans faillir, des données non altérées par un acte de malveillance ou une erreur technique.

    « Durant les Jeux de Pékin, 12 millions d'incidents liés à la cybersécurité avaient été signalés », a rappelé Francis Maude, secrétaire d'État britannique chargé de la cybersécurité. Les JO de Londres « ne seront pas épargnés », a-t-il averti, soulignant qu'une « équipe spéciale » avait été mise en place pour les protéger. « Nous ne sommes pas particulièrement focalisés sur la cybercriminalité ou le cyberterrorisme », assure pour sa part Patrick Adiba. « Notre rôle est de protéger à tout prix les données, que ce soit d'une erreur technique ou d'un hacker. En cas de problème, peu importe la cause : nous déconnecterons le système concerné car notre objectif est que la compétition puisse se poursuivre, sans gêne pour les athlètes. C'est la priorité des Jeux. »