IBM vient d’annoncer que ses chercheurs avaient réussi à créer une puce « cognitive » capable de simuler certaines des capacités du cerveau humain. Comme en plus sa création s’est faite en collaboration avec la célèbre Defense Advanced Research Projects Agency (Darpa), on ne peut s’empêcher d’y voir les premiers pas de la concrétisation de Terminator... Mais qu’en est-il réellement ?

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    Une des puces cognitives d'IBM. © IBM Research

    Une des puces cognitives d'IBM. © IBM Research

    Tout le monde en parle. IBMIBM vient d'annoncer, peu de temps après avoir fêté l'anniversaire de son PC, que dans le cadre de son projet Systems of Neuromorphic Adaptive Plastic Scalable Electronics (SyNAPSE), ses ingénieurs, travaillant à la frontière des neurosciences et de la nanotechnologie, ont bel et bien réussi à créer une puce « cognitive » capable de simuler certains processus du cerveau humain.

    Si l'on ajoute que sa mise au point s'est faite avec l'aide des militaires puisque la célèbre Defense Advanced Research Projects Agency (Darpa) est citée, on ne peut s'empêcher de  penser : «  Ça est est ! Ils en sont à créer la CPU des Terminator et Skynet n'est plus très loin ». La nouvelle doit certainement faire plaisir à différents apôtres de la singularité technologique comme Eliezer Yudkowsky et Ray Kurzweil. Il semblerait bien que l'on soit pourtant encore bien loin de l'apparition d'une conscience artificielle émergeant de l'association de plusieurs puces de ce genre.

    Mais comme le précise l'un des concepteurs de cette puce cognitive à la fin de cette vidéo, l'objectif n'est pas tant de simuler un cerveau conscient que de créer une nouvelle architecture d'ordinateur inspirée des réseaux de neuronesneurones, au-delà de celle que l'on associe de façon trompeuse au nom de Von Neumann, et mieux adaptée à certaines tâches.

    John Von Neumann, l'un des pères de l'informatique et de l'ordinateur. © <em>Penn State University</em>

    John Von Neumann, l'un des pères de l'informatique et de l'ordinateur. © Penn State University

    On sait que Von Neumann a été un des premiers à comparer le fonctionnement du cerveau humain à celui d'un ordinateur et bien que ce que l'on appelle aujourd'hui l'architecture de Von Neumann ne soit pas à proprement parler de lui mais était plutôt contenue dans les travaux d'Alan TuringAlan Turing, John William Mauchly et John Eckert, elle est à la base de la majorité des ordinateurs.

    Vers des ordinateurs cognitifs

    Or, il se trouve que des tâches apparemment simples pour le cerveaucerveau humain, comme la reconnaissance des formes, des prises de décisions élémentaires pour une action en réponse à un environnement changeant observé par des capteurscapteurs, sont difficiles et très coûteuses en énergieénergie pour des ordinateurs classiques. À contrario, ces ordinateurs battent à plate couture le cerveau humain lorsqu'il s'agit de faire des calculs numériques.

    La puce cognitive d'IBM ne semble pas spectaculaire à première vue. Sa puissance de calcul est faible, elle utilise la technologie CMOS avec transistors et RAM. La différence se situe au niveau de la connexion de ces éléments, permettant de simuler plus facilement et en dépensant moins d'énergie le fonctionnement des neurones connectés à des synapsessynapses dans un cerveau. Ainsi deux prototypes de puces ont été créés. L'un contient 262.144 synapses programmables quand l'autre en compte 65.536 pour l'apprentissage. Ces puces sont une étape vers des ordinateurs cognitifs qui ne seront pas programmés de la même façon que les ordinateurs actuels. Ces ordinateurs cognitifs seraient bien adaptés pour apprendre à travers des expériences, trouver des corrélations, créer des hypothèses, apprendre et se souvenir en imitant la plasticité cérébraleplasticité cérébrale synaptique.

    En ce qui concerne les puces elles-mêmes, selon les chercheurs, elles auraient déjà passé des tests satisfaisants incluant de multiples applicationsapplications comme la navigation, la vision artificielle, la reconnaissance des formes, la mémoire associative et la classification.