Dans l’ouest parisien, une tribu de Gaulois qui n’aime pas couper les arbres résiste à l’envahisseur tennistique et aux projets d’agrandissement du stade de Roland-Garros.

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    Les serres d'Auteuil datent du XIXe siècle. Retrouvez-les dans notre galerie de photos. © Patrick Giraud / Licence Creative Commons (by-nc-sa 2.0)

    Les serres d'Auteuil datent du XIXe siècle. Retrouvez-les dans notre galerie de photos. © Patrick Giraud / Licence Creative Commons (by-nc-sa 2.0)

    Les Internationaux de France se sentent à l'étroit dans le stade de Roland-Garros. Chaque année au mois de mai, la compétition, qui fait partie des quatre « tournois du grand chelem » attire plus de 400.000 personnes en deux semaines, avec des pics à 35.000 durant la journée. La foule est dense, les allées bondées et les buvettes prises d'assaut. Avec ses 8,5 hectares, le stade, installé tout près de Paris (à l'ouest, juste sous le boisbois de Boulogne) semble étriqué en comparaison des autres compétitions du grand chelem, qui s'ébattent sur des surfaces deux fois plus grandes.

    La Fédération française de tennis (FFT) veut agrandir et a écarté la solution du déménagement. Reste donc l'agrandissement, qui pourrait aller mordre le bois de Boulogne, mais il faut pour cela traverser une avenue. Or, il y a encore plus près : juste à côté, vers Paris, un vaste terrain inhabité s'étend voluptueusement. Protégées depuis deux siècles et demi par grâces royale puis républicaine, ce que l'on appelle aujourd'hui les serres d'Auteuil semblent en effet charmantes, voire appétissantes.

    À l’est, le périphérique, qui a déjà croqué un tiers du jardin en 1968. Au nord, l’avenue de la Porte d’Auteuil et le bois de Boulogne. Au sud, la commune de Boulogne-Billancourt. À l’est, les courts de tennis. © Google Maps

    À l’est, le périphérique, qui a déjà croqué un tiers du jardin en 1968. Au nord, l’avenue de la Porte d’Auteuil et le bois de Boulogne. Au sud, la commune de Boulogne-Billancourt. À l’est, les courts de tennis. © Google Maps

    Balades dominicales ou grand chelem ?

    Louis XV, féru de botaniquebotanique (et de sciences en général), a voulu installer là des jardins. Un siècle plus tard, enrichi de plusieurs serres, l'endroit produisait des plantes pour les jardins de la ville de Paris. Aujourd'hui encore, le domaine est un jardin qui se visite, offrant une collection de plantes, notamment celles, tropicales, des serres chaudes, mais aussi de jardins de différents stylesstyles. Notre galerie de photos en témoigne... mais aussi la mairie de Paris, qui explique sur son site combien l'endroit vaut la balade.

    Encerclées par l'urbanisation, amputées en 1968 de leur partie est pour laisser le passage au boulevard périphérique parisien, les serres d'Auteuil sont aujourd'hui menacées par leur encombrant voisin, qui y verrait bien un beau court avec 7.000 places autour. Les riverains vitupèrent, lancent une pétition ou assiègent la mairie de Paris. Pour l'instant, la partie est en cours. Après le premier set remporté par la FFT et la municipalité, le jeu est relancé par une pétition aux 18.000 signataires pour un deuxième set qui s'annonce disputé. La balle est maintenant dans le camp de la mairie et la municipalité est au service (au service de qui, au fait ?).