Une équipe – écossaise bien sûr – vient de démontrer que deux résidus de la fabrication du whisky peuvent devenir un excellent biocarburant, d'ailleurs déjà honorablement connu, le butanol. Efficace, facile à récupérer (puisqu'il existe déjà), inoffensif pour l'environnement, ce sous-produit donnerait une nouvelle source de revenus aux distilleries. Just a good idea...

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    La distillerie Glenkinchie (ici une image de son site Web) a collaboré activement aux recherches sur le biobutanol, peut-être une nouvelle source de revenus pour les producteurs de whisky écossais.

    La distillerie Glenkinchie (ici une image de son site Web) a collaboré activement aux recherches sur le biobutanol, peut-être une nouvelle source de revenus pour les producteurs de whisky écossais.

    Il suffisait d'y penser... et de déposer quelques brevets. Martin Tangney l'a fait. A l'université Napier d'Edimbourg, il dirige le Biofuel Research Centre, un centre de recherche unique en son genre sur les biocarburants. Son équipe a planché sur l'utilisation de deux résidus de la fabrication du whisky : les drêches, parties solidessolides du malt restant après la filtrationfiltration du moût, et le pot ale, liquideliquide récupéré dans l'alambicalambic à la fin de la première distillationdistillation.

    Avec eux deux, il est possible de fabriquer un butanol, ou alcoolalcool butylique. Cette famille de moléculesmolécules à quatre atomesatomes de carbonecarbone est bien connue. On sait déjà fabriquer du « biobutanol » utilisable comme agrocarburantagrocarburant à partir d'avoine, de betterave ou de canne à sucresucre. A la différence de l'éthanol (l'acool éthylique), rappelle Martin Tangney, il peut être utilisé par n'importe quel moteur à essence, sans nécessiter de modifications (le bioéthanol, lui, ne peut pas dépasser 20% du carburant dans un moteur normal parce qu'il est trop volatil et trop agressif envers certaines matières plastiquesmatières plastiques classiquement utilisées).

    Martin Tangney, l'homme qui veut réconcilier whisky et conduite automobile. © Université Napier d'Edimbourg

    Martin Tangney, l'homme qui veut réconcilier whisky et conduite automobile. © Université Napier d'Edimbourg

    Une matière première toute trouvée

    Or, souligne l'université, au Royaume-Uni, l'industrie du whisky produit chaque année 1.600 millions de litres de ce pot ale et 187.000 tonnes de drêches. Voilà donc une réserve toute trouvée de biocarburant qui pourrait servir de point de départpoint de départ à une filière. Puisque la matière première existe déjà, cet agrocarburant, comme ceux issus des déchets végétaux, évite les désastreuses conséquences des biocarburants à base de blé, de maïsmaïs ou de betteraves, qui monopolisent de vastes surfaces et conduisent parfois à des déforestations massives.

    Le centre de recherche de Martin Tangney a collaboré avec la distillerie Glenkinchie pour finaliser un procédé de fabrication, ce qui est fait. Il ne reste plus qu'à créer une entreprise pour produire le biobutanol, ce qui est prévu pour bientôt.

    Quelle production sera-t-il possible d'atteindre ? On ne le sait pas encore mais il est clair que l'industrie du whisky ne fournira pas tout le carburant des voituresvoitures européennes ni même écossaises... Martin Tangney espère que la nouvelle filière permettra d'incorporer 10% de biobutanol dans le carburant des véhicules britanniques. C'est la proportion d'agrocarburant que l'Union européenne a pris comme objectif. Les Ecossais tiennent sans doute le moyen d'y parvenir à bon compte...