Des pyréthroïdes, l’un des insecticides les plus utilisés par les ménages, ont été retrouvés dans des rivières. Leur concentration atteint par endroit dix fois la dose d’alerte. Ces polluants proviennent essentiellement des foyers et traversent les stations d’épurations des eaux.

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    Les eaux de ce ruisseau contenaient au moment de la photographie dix fois la concentration mortelle de pyréthroïdes pour le crustacé bio-indicateur de la qualité des eaux. © Donald Weston / UC Berkeley

    Les eaux de ce ruisseau contenaient au moment de la photographie dix fois la concentration mortelle de pyréthroïdes pour le crustacé bio-indicateur de la qualité des eaux. © Donald Weston / UC Berkeley

    Dans deux rivières de Californie, près de Sacramento, réputées parmi les plus propres, des pyréthroïdes (dérivés synthétiques de la pyréthrine) ont été découverts dans l'eau à des niveaux toxiques. Si les doses mesurées ne peuvent tuer les poissons de ces rivières, elles affectent les invertébrés.

    Alors que la dose létale pour les amphipodes (des crustacés) Hyalella azteca est de 2 parties par billion (ppb : un gramme pour 1012 grammes), les concentrations de pyréthroïdes peuvent atteindre 10 à 20 ppb. Toute la chaîne alimentairechaîne alimentaire de ces écosystèmes peut donc être impactée.

    Selon Donald Weston, directeur de l'étude de Université de Californie - Berkeley, « ces organismes indicateurs NDLRNDLR : Hyalella azteca] sont des espèces dites rats de laboratoirerats de laboratoire qui sont très sensibles, mais si vous trouvez quelque chose de toxique pour elles, c'est un signal d'alarme qu'il y a une toxicitétoxicité potentielle pour les organismes du milieu ».

    <em>Hyalella azteca</em>, ressemblant à nos gammares (dont des espèces vivent en eau douce, d'autres sur le littoral). L'animal sert d'indicateur pour la santé des eaux douces. © Scott Bauer / Domaine public

    Hyalella azteca, ressemblant à nos gammares (dont des espèces vivent en eau douce, d'autres sur le littoral). L'animal sert d'indicateur pour la santé des eaux douces. © Scott Bauer / Domaine public

    En 2004, Donald Weston avait déjà recherché les pyréthroïdes dans des sédimentssédiments et avait mesuré des taux mortels pour un autre bio-indicateur. Cette découverte avait amené à une réévaluation de 600 produits du marché à base de pyréthroïdes en 2006. La source de cette contaminationcontamination était toutefois inconnue.

    Des insecticides qui ignorent les stations d’épurations

    Cette nouvelle étude éclaire ce dernier point. Les pyréthroïdes, en particulier la bifenthrine et la cyfluthrine, ont été détectées, à la grande surprise des chercheurs Donald Weston et Michael Lydy, dans les eaux de sortie des stations d’épuration. Parfois, elles se retrouvent aussi dans les eaux pluviales urbaines et dans les rejets agricoles.

    Molécule de bifenthrine de la famille chimique des pyréthroïdes. © Wikimédia Commons, domaine public

    Molécule de bifenthrine de la famille chimique des pyréthroïdes. © Wikimédia Commons, domaine public

    Les travaux des chercheurs devraient conduire à une nouvelle réévaluation des insecticidesinsecticides et peut-être à une modification de leurs utilisations. Donald Weston s'étonne en effet des campagnes marketing de certaines compagnies d'éradication qui préconisent des traitements insecticides mensuels voire bimensuels.

    Depuis l'interdiction d'autres moléculesmolécules insecticides, le chlorpyrifos et le diazinon en 2001 et 2004, l'utilisation des pyréthroïdes est en pleine croissance. Cette augmentation, conjuguée à l'hiverhiver 2009, l'un des plus secs de la région depuis dix ans, est responsable des taux mesurés. Cependant les premières analyses de l'année 2010, à la fin d'un hiver pourtant deux fois plus humide, confirment toujours la présence de taux toxiques de ces molécules...