Les consommateurs font partie du problème du changement climatique... mais ils font aussi partie de la solution si on leur en donne les moyens. C'est ce qu’affirme le rapport de l’Institut du Développement Durable présenté par le vice-président du Giec (Groupe Intergouvernemental pour l'Etude du Climat) avant d’expliquer comment procéder.

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    Etiquette renseignant sur le contenu en carbone d'un produit. © Casino

    Etiquette renseignant sur le contenu en carbone d'un produit. © Casino

    Le professeur Mohan Munasinghe, co-prix Nobel de la Paix aux côtés d'Al Gore et vice-président du Giec, explique, à travers le rapport Consumers, business and climate change (Consommateurs, activité économique et changement climatiquechangement climatique) comment les consommateurs peuvent être des acteurs majeurs de la lutte contre le changement climatique.

    Le constat est simple : si les consommateurs des pays développés sont responsables de 75% des émissionsémissions de carbonecarbone, ils peuvent devenir un levier majeur de la réduction de ces émissions, pour peu qu'on leur en donne les moyens. En suivant les objectifs fixés par leurs gouvernements, ils peuvent diminuer les rejets de 50% d'ici 2050.

    En effet, une approche basée sur la consommation est apte à dépasser les frontières nationales. Rappelons qu'avec la mondialisation, les émissions d'un pays ne sont plus forcément représentatives de sa responsabilité environnementale. Par exemple, 20% des émissions chinoises sont le fait de produits consommés par les pays développés. La répartition des efforts de réductions non pas par les Etats mais par les consommateurs devient plus équitable. Elle permet alors, de plus, de surmonter les réticences des pays qui aspirent à un développement économique légitime.

    Save the green consumer, save the world

    Cette approche est possible si les consommateurs ont la possibilité de choisir une voie plus verte. Cela impose d'une part de rendre disponibles les produits et services sobres en carbone et l'information sur ceux-ci transparente et, d'autre part, de soutenir et promouvoir ces choix verts en mettant en place des processus économiques et des infrastructures adaptés.

    Selon Mohan Munasinghe, « la consommation transcende les frontières nationales. Les entreprises servent les consommateurs, opèrent globalement et peuvent agir rapidement. L'opportunité est donc là pour les consommateurs, avec l'aide des entreprises, de mener une révolution verte qui aiderait les gouvernements à atteindre des objectifs de réduction des émissions plus ambitieux. Le rapport prouve de quelle manière cela peut être obtenu ». En effet, les gouvernements peuvent stimuler une demande en produits et services pauvre en carbone en éliminant les obstacles à cette consommation durableconsommation durable. Les études montrent en effet que les consommateurs veulent s'engager contre le changement climatique mais qu'ils sont freinés par les prix, le manque d'information et la disponibilité des alternatives décarbonnées.

    Il n'est pas toujours évident d'acheter des produits verts réellement durables et bon marché. © Ademe
    Il n'est pas toujours évident d'acheter des produits verts réellement durables et bon marché. © Ademe

    Un cercle vert-ueux

    En mettant en place un éventail de mesures comme des taxes incitatives, des politiques d'achats publiques responsables et du marketing ciblé accouplés à une transparencetransparence de l'information sur le contenu en carbone, une demande « verte » peut être induite. Cette demande incitera à son tour les multinationales à se positionner sur ce marché durable et à innover. De cette façon, les consommateurs pourront :

    • Réduire leurs émissions de la façon la moins coûteuse ;
    • Réduire leur impact immédiatement ;
    • Adopter un niveau plus durable ;
    • Stimuler la compétition et l'innovation d'une économie pauvre en carbone ;
    • Donner les moyens aux gouvernements de mettre en place leurs politiques de sobriété en carbone.
    Avec une infrastructure de distribution adaptée et une information transparente, la demande pour les produits et les services sobres en carbone devrait être stimulée. © Ademe
     
    Avec une infrastructure de distribution adaptée et une information transparente, la demande pour les produits et les services sobres en carbone devrait être stimulée. © Ademe

    Pour obtenir ce résultat, le rapport préconise entre autres de :

    • Stimuler la demande en produits et services pauvres en carbone grâce à un éventail d'outils tels que les taxes incitatives, les politiques publiques d'achats et le marketing ciblé ;
    • Agir à tous les niveaux du processus de consommation : production primaire, transformation, distribution, utilisation et élimination ;
    • Mettre en place des accords internationauxaccords internationaux sur l'évaluation du contenu en carbone et des impacts des produits et services. Des standards internationaux faciliteront l'adoption et le développement de cette économie verte ;
    • Etablir des prix et diffuser une information avec plus de transparences pour permettre aux consommateurs de faire des choix plus verts.

    La lutte contre le changement climatique à travers une consommation verte est une approche pragmatique qui vise l'équité sociale et l'efficacité économique en dépassant les freins géopolitiques et socio-économiques que sont les frontières et l'accessibilité des alternatives. Elle place le consommateur au centre de cette lutte en faisant de lui un consom'acteur et évite l'opposition des pays développés contre les pays en développement.

    Transparence, incitation financière et normalisation internationale seraient-ils les clefs du développement durable ?