À l’occasion de la Journée mondiale de l’eau, célébrée ce vendredi 22 mars dans le monde entier, les responsables politiques se réunissent à La Haye, sur le thème de la coopération. Le but est de sensibiliser, tant au niveau local que national, à la nécessité de faciliter le dialogue entre les différents acteurs. Dans ce contexte, Futura-Sciences revient sur les chiffres clés autour de l’eau douce.

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    3.800 km3 d'eau douce sont consommés par an dans le monde. Près de 70 % sont utilisés pour l'agriculture. Cette exploitation conséquente s'explique par l'élevage et l'irrigation massive. Dans la plupart des pays en voie de développement, 90 % de l'eau douce sert à arroser les terres. L'Asie représente plus des deux tiers des terres irriguées dans le monde, et la culture du riz s'y est intensifiée pour faire face à l'augmentation de la population. L'industrie contribue pour 20 % de la consommation annuelle d'eau douce : elle l'utilise pour laver, chauffer ou refroidir. L'eau permet aussi la réalisation de réactions chimiquesréactions chimiques et le transport par canalisationcanalisation. Enfin, les 10 % restants concernent l'utilisation domestique.

    1,6 milliard d'Hommes vivent dans les pays en pénurie d'eau. Un pays est considéré en pénurie d’eau lorsque la demande en eau excède les réserves dont il dispose. Au cours du XXe siècle, la consommation d'eau a augmenté deux fois plus rapidement que la population. Pourtant, la quantité d'eau douce disponible actuellement est encore insuffisante pour alimenter la population mondiale. Le problème réside dans la répartition géographique inégale de cet or bleu. L'Afrique subsaharienne est la région qui abrite le plus de pays en stress hydriquestress hydrique (voir la carte ci-dessous). L'Asie du Sud accuse également un sérieux déficit d'eau. Les prévisions indiquent que d'ici 2030, 47 % de la population mondiale vivra dans des zones en pénurie d'eau.

    Beaucoup de Somaliens et de Turkanas (Afrique de l'Est) se sont rendus au camp de réfugiés de Kakuma au Kenya en raison d'un manque d'eau et de nourriture sur leurs terres. © Kate Holt

    Beaucoup de Somaliens et de Turkanas (Afrique de l'Est) se sont rendus au camp de réfugiés de Kakuma au Kenya en raison d'un manque d'eau et de nourriture sur leurs terres. © Kate Holt

    Deux millions de tonnes d'eaux uséeseaux usées sont déchargées dans les cours d'eau naturels chaque année. Les eaux usées sont les eaux d'égout, ou issues des déchetsdéchets industriels et agricoles. Leur traitement est le premier enjeu de santé publique : plus de 4.000 enfants de moins de 5 ans meurent chaque jour en raison de diarrhéesdiarrhées liées au non-traitement des eaux usées. En France, 82 % des logements sont raccordés au réseau de collecte et de traitement collectif. Toutefois, il existe encore quelque 1,1 million de logements qui rejettent leurs effluents dans la nature sans aucun traitement.

    En France, plus de 100 µg/l de résidus médicamenteux se retrouvent dans les effluents et les eaux résiduaires. La France est le quatrième consommateur de médicaments au monde : sur le marché hexagonal, il en existe plus de 3.000 pour humains et 300 pour animaux. Quand l'Homme consomme un médicament, il le rejette dans les eaux usées, par le biais de ses déjections. La concentration de médicaments dans l'eau potable est de l'ordre du nanogramme par litre en France. Si l'on ne mesure pas encore bien les risques de la présence de médicaments dans l'eau potable, des effets sur les poissonspoissons de rivière ont déjà été rapportés. Ainsi, les œstrogènes féminiseraient les poissons, et les anxiolytiques les rendraient agressifs.

    Une infographie sur les grands chiffres de l'eau dans le monde.<br />© IDE

    Une infographie sur les grands chiffres de l'eau dans le monde.
    © IDE

    La mer d'Aralmer d'Aral a perdu 75 % de sa superficie initiale. Dans les années 1960, la mer d'Aral était le quatrième plus grand lac au monde, avec une superficie de 68.000 km2. L'assèchement de cette mer a été planifié en 1918 par la Russie. Or, c'est seulement au début des années 1960 qu'il est devenu effectif, quand les autorités soviétiques ont décidé d'intensifier la culture du coton en Ouzbékistan et au Kazakhstan. Les fleuves alimentant la mer d'Aral, l'Amou-Daria et le Syr-Daria, ont été détournés pour irriguer les champs. La salinitésalinité de l'eau a donc grimpé, et la biodiversité a complètement disparu. Toutefois, en 1989, la mer d'Aral est séparée en deux parties. La plus septentrionale étant gérée par le Kazakhstan, qui a lancé un projet de remplissage en 2005. Si bien qu'en 2008, le niveau de l'eau avait augmenté de 24 m ! Aujourd'hui, dans cette partie, l'eau est moins salée et la biodiversitébiodiversité reprend des couleurscouleurs.


    Cette carte représente la disponibilité en eau douce, en m3 par personne et par an, pour l'année 2007. Les zones orange comprennent les pays en pénurie d'eau (scarcity) : la disponibilité en eau y est inférieure à 1.000 m3 d'eau par personne et par an. En jaune foncé sont indiquées les zones en stress hydrique (stress), et en jaune clair, les zones vulnérables (vulnerability). L'Afrique subsaharienne est la région du monde qui connaît le plus grand déficit en eau. L'Asie du Sud est une région à surveiller, en raison de son utilisation d'eau intense dans l'agriculture. © Philippe Rekacewicz, Unep