Si je largue x tonnes de gaz carbonique, de combien l'atmosphère terrestre se réchauffera-t-elle ? Jusque-là, cette quantification restait délicate, prenant en compte des hypothèses mal connues. Une équipe de chercheurs propose un coefficient simple. Multipliez-le par x et vous obtiendrez le réchauffement en degrés Celsius...

au sommaire


    Le professeur Damon Matthews. Source Université Concordia

    Le professeur Damon Matthews. Source Université Concordia

    Cette nouvelle méthode a au moins le mérite d'être très simple. Elle vient d'être proposée, par une publication dans la revue Nature, par Damon Matthews, du département de géographie, urbanisme et environnement de l'université Concordia (Canada) et ses collègues canadiens et anglais.

    En combinant les données rétrospectives sur le climat à des modèles climatiques mondiaux, ils ont démontré qu'il existe une relation linéaire entre les émissionsémissions de CO2 cumulées et la température de l'atmosphère terrestre. Bref, un simple coefficient. Voilà de quoi bouleverser les modèles prévisionnels utilisés jusqu'ici, qui devaient tenir compte de complexes relations entre les émissions anthropiques, les puits de carbone, les concentrations atmosphériques et les changements de température.

    Selon Damon Matthews en effet, malgré tous les facteurs d'incertitude qui semblaient complexifier inutilement les projections, une émission déterminée de CO2 entraîne une même élévation de température au niveau mondial, et cela quel que soit le lieu ou le moment où elle se produit et quelle qu'en soit la duréedurée.

    Les chiffres cités sont précis. Ainsi, l'émission d'une tonne de CO2 dans l'atmosphère terrestre provoque invariablement une augmentation de la température de 0,0000000000015 degré (10-13°C). Cette valeur peut paraître négligeable, mais sur cette base, une augmentation de la température moyenne de 2 degrés correspond approximativement à une quantité d'émission cumulative d'un peu plus de cinq cents milliards de tonnes de CO2, soit très sensiblement ce qui a été injecté dans l'atmosphère depuis le début de l'ère industrielle.

    Damon Matthews et un groupe de spécialistes internationaux ont adressé une lettre ouverte aux participants de la conférence de la Convention-cadre sur le changement climatique (U.N. Framework Convention on Climate Change - UNFCCC), réunissant 192 pays et prévue en décembre prochain. « La plupart des gens comprennent que les émissions de dioxyde de carbonedioxyde de carbone conduisent inéluctablement au réchauffement climatiqueréchauffement climatique, mais il est bien plus difficile de saisir la complexité des éléments qui interviennent entre ces deux points. Nos découvertes permettent désormais à chacun d'effectuer une estimation plausible de sa contribution au réchauffement climatique en se basant simplement sur la totalité des émissions de dioxyde de carbone qu'il produit », explique le chercheur.

    Cette découverte fait aussi l'objet d'une publication dans Nature du 10 juin 2009.