Une révision des estimations d’évolution des températures depuis 1958 à la station Byrd conduit à quasiment doubler la valeur du réchauffement de l’Antarctique occidental en un demi-siècle.

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    Évolution des températures moyennes annuelles de l'Antarctique, en degrés Celsius par décennie, entre 1957 et 2006 (Earth Observatory, Nasa). On savait déjà que la partie ouest subit une augmentation des températures plus importante que le reste du continent. © Trent Schindler, NASA Goddard Space Flight Center Scientific Visualization Studio

    Évolution des températures moyennes annuelles de l'Antarctique, en degrés Celsius par décennie, entre 1957 et 2006 (Earth Observatory, Nasa). On savait déjà que la partie ouest subit une augmentation des températures plus importante que le reste du continent. © Trent Schindler, NASA Goddard Space Flight Center Scientific Visualization Studio

    Une équipe américaine vient de présenter un nouveau calcul de l'évolution des températures annuelles moyennes de l'Antarctique occidental - qui comprend la Péninsule antarctique, pointant vers l'Amérique du Sud - et annonce un réchauffement de 2,4 +/- 1,2 °C entre 1957 et 2010, soit une moyenne de 0,44 °C par décennie (avec une augmentation plus forte dans les décennies 1980 et 1990). L'estimation surprend car elle est bien supérieure aux valeurs retenues jusqu'ici, de l'ordre de 0,1 °C par décennie pour l'ensemble du continent et jusqu'à plus de 0,2 °C pour la partie ouest (voir l'image au bas de ce texte).

    Pourquoi une telle révision ? Parce que les estimations précédentes étaient entachées d'erreurs, expliquent David Bromwich, du Byrd Polar Research Center, et les autres coauteurs de l'article publié ce 23 décembre 2012 dans la revue Nature Geoscience. Ces scientifiques ont repris les séries de mesures effectuées à la station Byrd depuis 1957, année géophysique internationale.

    La carte présentée par cette nouvelle étude. Elle montre la corrélation (au sens statistique du terme) entre les mesures effectuées à la station Byrd et le reste du continent antarctique. Cette nouvelle estimation a permis de tracer une nouvelle courbe de l'évolution des températures entre 1957 et 2010, indiquant un réchauffement plus important que prévu de la partie occidentale de l'Antarctique. © Julien Nicolas /<em> Ohio State University</em>

    La carte présentée par cette nouvelle étude. Elle montre la corrélation (au sens statistique du terme) entre les mesures effectuées à la station Byrd et le reste du continent antarctique. Cette nouvelle estimation a permis de tracer une nouvelle courbe de l'évolution des températures entre 1957 et 2010, indiquant un réchauffement plus important que prévu de la partie occidentale de l'Antarctique. © Julien Nicolas / Ohio State University

    L'Antarctique occidental chauffe aussi

    Il n'est pas simple de déterminer à partir d'elles des estimations précises des températures, qui varient avec le lieu et avec la saison, d'autant que les observations par satellite n'ont commencé qu'en 1979 et que cette région subit une climatologieclimatologie complexe. Certaines régions de l'Antarctique se sont d'ailleurs refroidies dans les années 1980 et 1990. Cette nouvelle méthode d'interpolation dans le temps et dans l'espace, aboutit à un résultat très différent.

    Cette valeur de 2,4 ° C en un demi-siècle paraît très importante, surtout pour ce continent antarctique qui a longtemps semblé épargné par le réchauffement globalréchauffement global. Selon les auteurs, il arrive de plus en souvent que des températures positives surviennent durant l'été austral. Cette augmentation de température paraît d'ailleurs plus intense, justement , durant le printemps austral. On devrait donc observer à l'avenir des fracturations plus nombreuses des glaciersglaciers s'écoulant à la surface de l'océan. C'est ce que pense David Bromwich, qui explique dans un communiqué de l'université de l'Ohio que, même si on n'observe pas de réduction de la couverture glaciaire sur ce continent, la fontefonte des glaces d'eau douceeau douce de l'Antarctique devrait contribuer plus que prévu à la hausse du niveau des mers.