Les forêts tropicales seraient bien plus résistantes au réchauffement climatique qu’on le pensait jusqu’alors. Selon une nouvelle étude ayant exploité 22 modèles différents, aucune perte significative de biomasse n’est à prévoir d’ici 2100, malgré l’augmentation des températures. Le carbone séquestré dans ces régions est donc au minimum bloqué jusqu’à la fin du siècle. 

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    La forêt amazonienne, qui recouvre une surface de 5,5 millions de km2, se partage entre neuf pays : la Bolivie, le Brésil, la Colombie, l'Équateur, la France (avec la Guyane), le Guyana, le Pérou, le Surinam et le Venezuela. Même si un modèle climatique affirme le contraire, elle devrait mieux supporter le réchauffement climatique qu'on le pensait. © Cifor, Flickr, cc by nc nd 2.0

    La forêt amazonienne, qui recouvre une surface de 5,5 millions de km2, se partage entre neuf pays : la Bolivie, le Brésil, la Colombie, l'Équateur, la France (avec la Guyane), le Guyana, le Pérou, le Surinam et le Venezuela. Même si un modèle climatique affirme le contraire, elle devrait mieux supporter le réchauffement climatique qu'on le pensait. © Cifor, Flickr, cc by nc nd 2.0

    L'avenir des forêts tropicales pose question depuis de nombreuses années, car elles sont notamment victimes de la déforestation, mais c'est d'un tout autre problème dont il va être question. En effet, le réchauffement climatique en cours n'est pas sans conséquence sur les végétaux, pour plusieurs raisons. Premièrement, il affecte le climat, tant à l'échelle globale que régionale, et serait donc de nature à modifier par endroits le régime des précipitations. Deuxièmement, l'augmentation des températures pourrait aussi impacter directement la physiologie des végétaux (respiration, photosynthèse, etc.).

    Des scientifiques du monde entier s'évertuent depuis quelques années à modéliser ces processus afin de pouvoir se projeter dans l'avenir. Quel sera ainsi l'état des forêts tropicales d'ici 2100 ? Les résultats publiés ont pour la plupart été catastrophistes. À titre d'exemple, de terribles sécheresses seraient de plus en plus amenées à sévir en Amazonie, au risque de transformer une part importante de ce territoire en savane, et donc de voir dépérir des millions d'arbres. 

    Dans ce contexte, l'étude dirigée par Chris Huntingford du Centre pour l'écologieécologie et l'hydrologiehydrologie (Royaume-Uni) a de quoi surprendre. Selon l'article paru dans Nature Geoscience, les forêts tropicales africaines, américaines et asiatiques seraient bien plus résilientes qu'on le pensait jusqu'alors, ce qui est de bon augure. En effet, ces structures végétales capturent et stockent un cinquième du CO2 d’origine anthropique émis chaque année. Leur disparition provoquerait non seulement une réduction de la capture de ce gaz à effet de serregaz à effet de serre, mais aussi la libération du carbonecarbone emprisonné depuis des décennies. Résultat : le réchauffement climatique s'en trouverait amplifié.  

    Les forêts tropicales sont présentes en Afrique (environ 5 millions de km<sup>2</sup>), en Amérique (environ 9 millions de km<sup>2</sup>) et en Asie (environ 2,6 millions de km<sup>2</sup>). Elles couvrent au total une surface de 16,81 millions de km<sup>2</sup>. © SiberianDream, Flickr, cc by nc sa 2.0

    Les forêts tropicales sont présentes en Afrique (environ 5 millions de km2), en Amérique (environ 9 millions de km2) et en Asie (environ 2,6 millions de km2). Elles couvrent au total une surface de 16,81 millions de km2. © SiberianDream, Flickr, cc by nc sa 2.0

    Les réponses physiologiques des végétaux difficiles à prévoir

    Ce n'est pas un, mais 22 modèles climatiques couplés à des modèles de surface continentale qui ont été employés dans cette étude. Ils ont l'avantage d'avoir été améliorés ces dernières années et d'intégrer de nouvelles données par rapport à leurs prédécesseurs ou à leurs versions antérieures. Seul le modèle HadCM3 du Met Office's Hadley Centre a prédit une perte de biomassebiomasse des forêts tropicales d'ici 2100, mais uniquement en Amazonie. Ainsi, le carbone emprisonné sous les tropiquestropiques devrait au moins rester séquestré jusqu'à la fin du siècle. 

    Cette étude serait l'une des plus complètes du genre selon certaines revues, mais qui dit modèles dit incertitudes. Or, ces dernières ont justement été envisagées par les scientifiques. Selon eux, les réponses physiologiques adoptées par les plantes face aux changements climatiques sont les plus sujettes à caution, juste devant les différents scénarios d'émissionsémissions de gaz à effet de serre. Cette nouvelle se veut donc rassurante pour les forêts tropicales du globe et de l'Amazonie en particulier, bien que de nombreux événements climatiques extrêmes s'y succèdent depuis quelques années.