D’après les recherches de scientifiques canadiens, le cerveau peut focaliser son attention sur plusieurs objets simultanément tout en filtrant les éléments perturbateurs. Jusque-là, plusieurs modèles théoriques étaient proposés, et on aurait enfin identifié le bon.

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    On dit souvent que les femmes, contrairement aux hommes, peuvent faire plusieurs choses à la fois. Ce n'est en fait pas le propre de la femme, le cerveau des humains étant multitâche... © Scott Griessel/Fotolia

    On dit souvent que les femmes, contrairement aux hommes, peuvent faire plusieurs choses à la fois. Ce n'est en fait pas le propre de la femme, le cerveau des humains étant multitâche... © Scott Griessel/Fotolia

    • Tout savoir sur le cerveau dans notre dossier complet 

    Notre cerveau recèle bien des mystères. Si l'on connaît les conséquences de son activité, on ignore parfois les mécanismes sous-jacents. Plusieurs théories  tentent par exemple d'expliquer la possibilité de focaliser son attention visuelle sur plusieurs événements simultanés. Parmi elles, on peut en citer trois :

    • la première proposée expliquait que l'information passait par un canal unique, limitant la capacité à traiter différentes informations ;
    • une deuxième hypothèse n'est que l'évolution de cette première, puisqu'elle dit que le cerveau ne sait analyser qu'une seule donnée à la fois, mais en se concentrant successivement sur les différents éléments, il parvient à les associer ensemble et à les prendre tous en compte ;
    • un autre modèle évoque la possibilité de retrouver différents canaux permettant à l'encéphale d'intégrer plusieurs informations au même instant.

    Des chercheurs de l'université McGill au Canada ont alors voulu vérifier laquelle de ces différentes hypothèses était la bonne. Deux macaques ont servi de cobayes. Grâce à eux, ils ont pu mesurer l'activité neuronale du cortex visuel tandis que les singes se concentraient sur deux objets qui contournaient un troisième, un élément perturbateur et sans intérêt. Ainsi il était possible de voir s'ils se focalisaient à un instant donné sur un seul objet puis alternaient avec l'autre, s'ils analysaient chaque objet intéressant dans des foyers différents tout en négligeant le troisième élément, ou s'ils intégraient tous les objets, y compris celui n'ayant aucune importance.


    Cette vidéo datant de 1999 consiste à tester votre attention. Saurez-vous compter les passes que se font les joueurs de l'équipe blanche ? © Profsimons, YouTube

    L’évolution nous a dotés d’un cerveau multitâche

    La réponse se trouve dans la revue Neurons. Les enregistrements montrent clairement que l'attention peut être séparée en deux foyers correspondants aux objets pertinents, tandis que l'élément perturbateur n'est pas intégré. En effet, quand ces objets mobilesmobiles se rapprochaient du troisième, les chercheurs ne détectaient pas d'activation supplémentaire au niveau cortical. Cela est d'autant plus vrai si cet objet diffère beaucoup en forme et en taille avec les éléments sur lesquels les macaques se concentraient. Ces recherches semblent donc valider la troisième hypothèse.

    « Ces découvertes impliquent que notre cerveau a évolué de manière à pouvoir focaliser son attention sur plusieurs éléments en parallèle, le rendant capable de réaliser simultanément plusieurs actions » précise Julio Martinez-Trujillo. Plus spécifiquement, il ne perd pas d'énergieénergie et de capacités en intégrant les paramètres inutiles. Le chercheur conclut donc de cette expérience que « bien qu'il ait des limites [dans le nombre d'éléments qu'il peut traiter en même temps, NDLRNDLR], notre cerveau est multitâche. »

    Cette capacité limite sera d'ailleurs le sujet des études ultérieures de l'équipe de recherche. Alors, rien ne nous dit que les chercheurs ne se confronteront pas au même paradigme. Une fois poussé à l'extrême, le cerveau pourrait peut-être puiser dans ses ressources pour améliorer ses performances. On évoquait l'hypothèse expliquant que l'encéphale aurait pu traiter les informations les unes après les autres avant de les associer (la deuxième). Pourquoi ne pas envisager que ce phénomène se produise dès que tous les canaux de l'information sont saturés ? Ainsi, il intégrerait un nombre maximal de données avant d'alterner avec de nouveaux éléments à ingurgiter, pour se révéler encore plus puissant qu'attendu. Avec l'extraordinaire plasticitéplasticité du cerveau, on peut s'attendre à des surprises...