La calvitie proviendrait d’une incapacité des cellules souches à se convertir en cellules actives du follicule pileux. C’est plutôt une bonne nouvelle pour les chauves, qui peuvent espérer l’arrivée d’un traitement pour réparer cette erreur de l’organisme.

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    La calvitie est un problème pour beaucoup d'hommes... © christopherhuffman, Flickr, CC by-nc-nd 2.0

    La calvitie est un problème pour beaucoup d'hommes... © christopherhuffman, Flickr, CC by-nc-nd 2.0

    La calvitie concerne essentiellement les hommes (70 % d'entre eux), qui sont victimes de ce que l'on appelle scientifiquement une alopécie androgénétique héréditaire. Bien que la perte des cheveux puisse être un événement traumatisant pour la personne concernée, surtout jeune (20 % des hommes entre 20 et 30 ans), bien peu de choses sont connues quant à l'origine des phénomènes cellulaires et moléculaires impliqués.

    Le follicule pileux ne se reconstitue plus correctement

    Les scientifiques avaient néanmoins constaté une anomalie du folliculefollicule pileux, sorte d'usine de constructionconstruction du cheveu. Celle-ci se renouvelle tous les six à 10 ans, duréedurée d'un cycle en trois étapes. La première phase (anagène) constitue l'étape de croissance du cheveu, suivie de la phase catagène où la croissance s'arrête, puis de la perte du cheveu (phase télogène). À la fin de chaque cycle, le follicule se reforme à partir des cellules souches présentes au niveau d'un renflement situé le long du follicule.

    Si en général le follicule se reconstitue à l'identique à partir des cellules du renflement, dans le cas de l'alopécie androgénétique héréditaire, il diminue de taille, formant alors un cheveu microscopique. La testostérone était également connue pour avoir un rôle dans ce phénomène puisque des inhibiteurs de sa conversion en une forme plus active (la dihydrotestostérone) entraînaient un retard des symptômessymptômes de calvitie.

    Chez un follicule de souris, la protéine CD34 est exprimée dans le renflement (<em>bulge</em>), mais pas dans les cellules progénitrices (<em>sec germ</em>), d'après l'immunomarquage (en marron). © <em>Journal of Clinical Investigation</em>

    Chez un follicule de souris, la protéine CD34 est exprimée dans le renflement (bulge), mais pas dans les cellules progénitrices (sec germ), d'après l'immunomarquage (en marron). © Journal of Clinical Investigation

    Pour en savoir davantage, des chercheurs de l'Université de Pennsylvanie ont analysé les cellules des follicules extraits de cuir cheveluscuir chevelus d'hommes partiellement chauves, afin de comparer les zones atteintes et non atteintes par la calvitie

    Ils ont tout d'abord réussi à obtenir des marqueurs moléculaires spécifiques des cellules souches du follicule (protéineprotéine de filament intermédiaire KRT15), qui possèdent la particularité d'être petites et quiescentes, et des cellules progénitrices qui en dérivent (CD200, ITGA6 et CD34) et qui sont plus grandes, localisées près du renflement et qui se multiplient plus activement pour donner naissance aux cellules matures du follicule. Grâce à ces marqueurs spécifiques, ils ont ensuite utilisé une sorte de trieur de cellules (par cytométrie de flux) pour déterminer le nombre de cellules qui comprenaient les marqueurs de cellules souches et les marqueurs des cellules progénitrices.

    Une maturation des cellules souches altérée

    Les résultats assez surprenants, publiés dans la revue Journal of Clinical Investigation ont montré que les cellules souches sont aussi nombreuses dans les deux zones du cuir chevelu, chauve ou non. En revanche, les cellules progénitrices sont beaucoup moins nombreuses. Le problème ne provient donc pas d'un manque de cellules souches, mais plutôt d'une altération de la conversion des cellules souches en cellules progénitrices. Et sans elles, le cheveu ne peut plus pousser !

    La raison de cette non-conversion n'est pas encore déterminée, mais ces résultats sont plutôt encourageants car ils permettent d'envisager des traitements qui pourront favoriser la conversion des cellules, ce qui n'aurait pas pu être imaginé dans le cas d'un manque de cellules souches à la source. La technique d'implantation capillaire, très coûteuse, pourra alors peut-être être remplacée par une autre méthode permettant la repousse des cheveux, inventée suite à ces résultats.