Les îles des Canaries font parler d’elles en ce moment, avec l’éruption du volcan Cumbre Vieja. Aussi spectaculaire que soit cette manifestation volcanique, elle est pourtant tout à fait classique pour cette région. Les différentes îles de l’archipel doivent d’ailleurs leur existence à cette activité magmatique.  


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    Localisées au large de la côte nord-est de l'Afrique, à l'ouest du Maroc, les Canaries sont formées par une chaîne de volcans qui ont grandi sur la croûte océanique atlantique. Ces îles sont un exemple typique de ce que l'on appelle un volcanisme de point chaud. Il s'agit du même mécanisme que celui qui a créé l'archipel de Hawaii.

    Un point chaud représente en effet une remontée de matériel issu de la fusion partielle du manteaumanteau. Ce phénomène est lié à la présence d'une anomalieanomalie thermique très profonde, qui engendre un puissant courant de convectionconvection. Comme dans une casserole remplie d'eau, le matériel mantellique ainsi réchauffé, moins dense, va remonter sous la forme d'un panache qui va impacter la croûte sous-jacente. L'origine profonde du panache, sa racine, fait qu'un point chaud est généralement considéré comme fixe. Cette activité magmatique est ainsi déconnectée du mouvementmouvement des plaques lithosphériquesplaques lithosphériques.

    Carte des points chauds, celui des Canaries est représenté par le numéro 18. © JorisvS, <em>Wikimedia Commons</em>, CC by-sa 4.0
    Carte des points chauds, celui des Canaries est représenté par le numéro 18. © JorisvS, Wikimedia Commons, CC by-sa 4.0

    Des îles témoignant d’une activité magmatique continue

    Le magmatisme de point chaud se traduit par une intense production de laveslaves qui va construire des édifices volcaniques sur le plancher océanique qui, lui, bouge d'un mouvement lent mais continu, en accord avec la tectonique des plaques. On observe donc la formation d'une série de volcans, dont le tracé témoigne du mouvement de la plaque lithosphérique au-dessus du point chaud. 

    C'est ce mouvement différentiel qui explique l'architecture de l'archipelarchipel des Canaries. L'âge des îles diminue en effet d'Est en Ouest. Les îles de Lanzarote et de Fuerteventura sont ainsi les plus vieilles, puis viennent successivement, Gran Canaria, Tenerife, La Gomera, La Palma et El Hierro. Ces 7 îles principales sont escortées par de nombreux îlots et édifices sous-marinssous-marins. Les îles de La Palma et El Hierro sont actuellement directement localisées au-dessus du point chaud, ce qui explique l'intense activité volcanique qui s'y déroule régulièrement, et notamment l'actuelle éruption du volcan Cumbre Vieja.

    Fonctionnement d’un point chaud et naissance des îles volcaniques © Los688, <em>Wikimedia Commons</em>, domaine public
    Fonctionnement d’un point chaud et naissance des îles volcaniques © Los688, Wikimedia Commons, domaine public

    Cependant, cela n'empêche pas les îles plus anciennes de connaître de nouveaux épisodes volcaniques, comme ce fut le cas pour Lanzarote en 1824. Ces manifestations magmatiques récentes (on parle de phase de rajeunissement) seraient liées à la proximité du panache mantelliquepanache mantellique et à des cellules de convection secondaires, qui étendent la zone d'influence du point chaud. La présence, à proximité, de la marge continentale africaine pourrait également apporter une complexité à ce système magmatique.

    Des îles encore en formation et de nouvelles à venir

    Le volcanisme de point chaud des Canaries a débuté au CrétacéCrétacé, il y a environ 70 millions d'années, mais les premières îles de l'archipel n'ont émergé que relativement récemment, il y a 20 millions d'années, donnant naissance à Lanzarote et Fuerteventura. Les îles de La Palma et El Hierro sont bien plus jeunes et n'ont que 1,8 et 1,2 million d'années, respectivement. Leur croissance n'est d'ailleurs pas terminée, comme l'illustrent les récents événements. L'île de La Palma ne représente ainsi qu'un immense volcan, qui mesure 6.500 mètres de haut si l'on considère sa hauteur totale à partir du fond océanique sur lequel il repose. À l'inverse, les îles les plus anciennes sont soumises à l'érosion, qui les rabote petit à petit et finira par les faire disparaitre sous l'eau.

    Le volcan Cumbre Vieja en éruption sur l'île de La Palma © VP68, Pixabay
    Le volcan Cumbre Vieja en éruption sur l'île de La Palma © VP68, Pixabay

    Il est possible que de nouvelles îles se forment durant les prochains millions d'années, toujours plus à l'ouest de la précédente. En 2011, un nouveau volcan sous-marin avait d'ailleurs vu le jour au large de El Hierro. Il n'a pour l'instant pas encore atteint la surface de l'océan.

     

     

    Quels sont les différents types de volcan ?

    Éruptions de type hawaïenÉruptions péléennesÉruptions phréatiquesÉruptions pliniennesÉruptions sous-glaciairesÉruptions sous-marinesÉruptions surtseyennesÉruptions  strombolienneséruptions vulcaniennes
    Éruptions de type hawaïen

    Une éruption effusive (ou lavique), aussi appelée « éruptions de type hawaïenéruptions de type hawaïen » se caractérise par l'émissionémission d'une lavelave particulièrement liquideliquide (température de 1.200 °C) qui s'écoule en majeure partie à la surface du volcanvolcan en activité. Elle forme donc des coulées de lave dont la vitessevitesse et la distance d'écoulement dépendent de la viscositéviscosité du magmamagma, de la pente de l'édifice volcanique et du taux d'effusivité (donc de la quantité de roche en fusionfusion émise par unité de temps).

    Des éruptions effusives sur des volcans rouges

    Les éruptions effusives ont principalement lieu sur des volcans dits « rouges », comme ceux observés au niveau des points chaudspoints chauds, par exemple à Hawaï. La lave émise dans ces conditions est principalement de nature basaltiquebasaltique, mais elle peut aussi être andésitiqueandésitique ou dacitique. Elle est par ailleurs pauvre en silicesilice, ce qui explique également sa faible viscosité.

    Les éruptions effusives se distinguent des éruptions explosiveséruptions explosives, qui se caractérisent par l'émission de lave fragmentée dans l'atmosphère.

    Volcans d'Hawaï : des éruptions de type hawaïen

    Les éruptions effusives sont aussi appelées « éruptions de type hawaïen » car elles ont été définies à partir du dynamisme éruptiféruptif que l'on peut voir à l'œuvre à Hawaï, notamment sur le KilaueaKilauea, mais aussi en Islande par exemple.

    Les éruptions produisent très peu de cendres car on est en présence d'un dynamisme éruptif effusif et pas explosif. Par contre, elles prennent la forme de fontaines de lave qui peuvent parfois atteindre plusieurs centaines de mètres de hauteur. La lave s'écoule ensuite sur de grandes distances et elle peut s'étendre sur de vastes surfaces, contribuant à l'édification de larges volcans boucliers aux pentes douces.

    Ces pentes peuvent se déchirer sur plusieurs kilomètres en donnant des éruptions fissurales avec les fontaines de lave qui créent de véritables rideaux de feufeu. En atteignant la mer à Hawaï, les coulées permettent d'observer une manifestation caractéristique du volcanismevolcanisme sous-marinsous-marin, les laves en coussinslaves en coussins, encore appelées en anglais pillows lavas.

    Des lacs de lave

    Les éruptions hawaïennes peuvent aussi conduire à la formation de lacs de lave. Il en existe d'ailleurs un qui est quasi permanent au sommet du Halemaumau, à Hawaï. Les laves qui alimentent ces éruptions sont associées à des points chauds et elles doivent donc prendre naissance en profondeur dans le noyau de la Terrenoyau de la Terre.

    © Sémhur, CC-by-sa-3.0, Futura ; © Josh Schwartzman, CC by-nc 2.0