Avec 13,2 milliards d’années-lumière, la galaxie découverte par le télescope spatial est la plus ancienne que nous connaissions aujourd’hui : elle nous apparaît telle qu’elle était alors que l’univers n’avait que 500 millions d’années. C’est un record dont les découvreurs eux-mêmes espèrent une confirmation.

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    Annoncée hier, publiée ce matin dans la revue Nature, la découverte est d'importance : le télescope spatialtélescope spatial vient de débusquer la galaxie la plus lointaine. Dans le ciel de la Terre, elle se montre dans la constellation du Fourneau, visible dans l'hémisphère sudhémisphère sud. Pour l'instant, son nom est UDFj-39546284.

    Sa luminositéluminosité est extrêmement faible : sa magnitude atteint 29. Elle est donc pour nous 500 millions de fois moins lumineuse que la plus faible des étoiles visibles à l'œilœil nu. Surtout, sa lumière nous apparaît dans le rouge, ce qui prouve son très grand éloignement. La mesure a d'ailleurs été obtenue grâce à la nouvelle caméra à grand champ (WFC3, Wide Field Camera), mise en place en 2009 par les astronautesastronautes arrivés avec la navette Atlantis, mais aussi grâce à la caméra infrarougeinfrarouge Nicmos (Near Infrared Camera and Multi-Object Spectrograph).

    Ce décalage vers le rougedécalage vers le rouge, ou redshift et noté z, est en effet proportionnel à la distance qui nous sépare des astresastres lointains. Moyennant des hypothèses, les astronomesastronomes mesurent ainsi les objets les plus éloignés et c'est un peu la course pour trouver le plus distant, donc le z le plus grand.

    Le point rouge est la galaxie en question. Son décalage, ou <em>redshift</em>, serait de 10,3. Sa lumière aurait mis 13,2 milliards d'années à nous parvenir. Elle fait partie des premières galaxies de l'univers. © Nasa, Esa, G. Illingworth (<em>University of California</em>, Santa Cruz), R. Bouwens (<em>University of California</em>, Santa Cruz, <em>Leiden University</em>)/<em>HUDF09 Team</em>

    Le point rouge est la galaxie en question. Son décalage, ou redshift, serait de 10,3. Sa lumière aurait mis 13,2 milliards d'années à nous parvenir. Elle fait partie des premières galaxies de l'univers. © Nasa, Esa, G. Illingworth (University of California, Santa Cruz), R. Bouwens (University of California, Santa Cruz, Leiden University)/HUDF09 Team

    Quand la flambée d’étoiles commençait…

    En octobre 2010, une équipe d'astronomes, parmi lesquels Matthew Lehnert et Stéphane BasaStéphane Basa, annonçaient une estimation du décalage vers le rouge d'une galaxie repérée par Hubble (et nommée UDFy-38135539). À l'aide du VLTVLT (le télescope géanttélescope géant de l'observatoire du Cerro Paranal, dans le désertdésert d'Atacama, au Chili), l'équipe déterminait un superbe z = 8,6, ce qui repousse cette galaxie à la fin des Âges sombresÂges sombres, quand l'universunivers avait moins de 600 millions d'années.

    Avec cette nouvelle observation, Hubble et l'équipe d'astronomes, dont Rychard Bouwens et Garth Illingworth, battent nettement ce record avec un z = 10,3. Une telle valeur correspond à une époque située seulement 480 millions d'années après le Big BangBig Bang. Les premières galaxies venaient à peine de se former : quelques centaines de millions d'années avant pour les toutes premières, pensent les astronomes. « Les plus grandes galaxies n'étaient pas en place 700 millions d'années après le Big Bang » rappelle Illingworth dans le communiqué de l’Université de Californie. Et c'est à cette époque que commence une flambée d’étoiles nouvelles. La nouvelle galaxie, qui n'a d'ailleurs pas la forme de celles que nous observons autour de nous, ouvre donc une fenêtrefenêtre sur une période de notre univers mal connue mais riche d'enseignements.

    Les auteurs sont cependant prudents, expliquant que les mesures sont « à la limite des possibilités actuelles », et ne sont pas tout à fait certains de la valeur du décalage estimé. Même le puissant VLT aura du mal à apporter la confirmation.