L'excitation est retombée dans la salle de contrôle du JPL (Jet Propulsion Laboratory) qui a vécu en direct le passage de la sonde Epoxi à proximité de la comète 103P/Hartley 2. Le dépouillement des données a commencé, en voici un premier aperçu.

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    Le jeudi 4 novembre à 15 heures (heure française), les scientifiques du JPLJPL ont vu apparaître sur leurs écrans les premières images détaillées du noyau de la comète Hartley 2, que la sonde Epoxi photographiait à seulement 700 kilomètres de distance, 5 ans après sa rencontre avec Tempel 1, un autre astre chevelu. Parmi les chercheurs présents se trouvait Malcom Hartley, auteur de la découverte de cette comète il y a 24 ans sur une plaque photographique réalisée à l'observatoire de Siding Spring en Australie, où il travaille toujours. L'heureux découvreur a reconnu que les données amassées par la mission Epoxi auront de quoi occuper les chercheurs pour plusieurs années.

    Le rapprochement entre Epoxi et la comète s'est produit à près de 40 millions de kilomètres de la Terre. En survolant sa cible à plus de 8 kilomètres par seconde, la sonde en a réalisé environ 200 photographiesphotographies à l'aide de sa caméra à moyenne résolutionrésolution. Le résultat est visible sous forme d'une animation sur le blog de la Planetary Society.

    Commentant les premiers clichés, Don Yeomans, du JPL, a expliqué que les images radar obtenues quelques jours plus tôt au radiotélescope d'Arecibo avaient révélé la nature bilobée de la comète. Mais il était impossible de savoir si Hartley 2 était constituée de deux morceaux accolés ou d'un seul bloc. Les images d'Epoxi ont confirmé cette seconde hypothèse. Elles ont également permis de donner les mensurations précises de cet astre : environ 2 kilomètres sur sa longueur et 400 mètres dans sa plus petite largeur.

    Comparaison de la taille des différents noyaux cométaires qui ont reçu la visite de sondes. © Nasa

    Comparaison de la taille des différents noyaux cométaires qui ont reçu la visite de sondes. © Nasa

    Hartley cousine d'Itokawa ?

    Ce qui a frappé les observateurs, c'est la ressemblance entre la comète Hartley 2 et l'astéroïde Itokawa. Exploré en 2005 par la sonde japonaise HayabusaHayabusa, Itokawa avait alors montré une surface où alternaient des zones lisses recouvertes de poussière et des zones rocailleuses. C'est exactement ce que l'on observe sur 103P/Hartley 2 ! Pour justifier l'aspect de la surface de l'astéroïde, on a proposé plusieurs explications : activité géologique, chocs avec d'autres petits blocs, ou encore rôle de la pression de radiation solaire (l'effet YORPeffet YORP).

    Cette étrange ressemblance entre les deux corps vient conforter de récentes simulations numériquessimulations numériques montrant que d'anciennes comètes ont pu migrer dans la ceinture d'astéroïdes lors du grand bombardement tardifgrand bombardement tardif (Late Heavy Bombardment, ou LHBLHB, en anglais). Itokawa pourrait avoir fait les frais de ce bouleversement survenu dans le Système solaireSystème solaire il y a 4 milliards d'années.

    L'astéroïde Itokawa ressemble beaucoup à la comète Hartley 2. © Jaxa

    L'astéroïde Itokawa ressemble beaucoup à la comète Hartley 2. © Jaxa

    Du travail pour les chercheurs

    Les images d'Hartley 2 révèlent de nombreux jets dont les scientifiques vont s'attacher à déterminer l'origine. Pour Don Yeomans, ces jets peuvent provenir de la surface exposée au SoleilSoleil, ou s'échapper des profondeurs de Hartley 2 qui se réchauffe. Cette seconde hypothèse pourrait expliquer la présence de certains jets visibles dans des zones de la comète plongées dans l'ombre. Les scientifiques doivent maintenant analyser les mesures fournies par les différents instruments de la sonde pour déterminer la température à la surface de la comète et la composition de sa chevelure. Toutes ces informations seront croisées avec les résultats obtenus par les télescopestélescopes terrestres mobilisés pour l'occasion.