Après la sonde Deep Impact, c'est au tour de l'observatoire spatial américain Swift de tourner ses instruments en direction de la comète Ison (C/2012 S1). On attend beaucoup de cette lointaine voyageuse à l'automne prochain.

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    Elle n'est encore qu'à 600 millions de km de la Terre, et pourtant la comète Ison fait déjà l'objet de multiples observations. Découverte le 21 septembre 2012 par deux astronomesastronomes russes, C/2012 S1 pourrait bien nous offrir un grand spectacle le 28 novembre prochain quand elle sera au plus près du Soleil. Une animation de la Nasa permet d'ailleurs de visualiser le parcours de la comète dans le Système solaire.

    En janvier dernier, c'est la sonde Deep Impact (qui avait survolé la comète 9P/Tempel 1 en 2005 avant d'étudier deux autres comètes, Hartley 2 en octobre 2010 et Garradd fin 2011) qui a révélé une forte activité sur C/2012 S1. Si en général les comètes commencent à dégazer quand elles sont à moins de 3 UAUA du Soleil (450 millions de km environ), la comète Ison présentait une queue de 60.000 km de long alors qu'elle était presque deux fois plus loin. C'est pourquoi la Nasa a mobilisé une équipe d'experts, regroupés dans la Comet Ison Observing Campaign (CIOC), un programme destiné à coordonner les observations de cette belle voyageuse, qu'elles soient réalisées par des télescopes au sol ou par des sondes spatiales. C'est donc maintenant au tour du télescope spatialtélescope spatial Swift de fournir de nouvelles données.

    Cette carte permet d'apprécier le déplacement apparent de la comète Ison devant les étoiles de différentes constellations (Gémeaux, Cancer et Lion) d'ici la fin du mois d'octobre. C'est le 30 janvier 2013 que le satellite Swift a observé la comète. © Axel Mellinger<em>, Nasa Goddard Space Flight Center</em>

    Cette carte permet d'apprécier le déplacement apparent de la comète Ison devant les étoiles de différentes constellations (Gémeaux, Cancer et Lion) d'ici la fin du mois d'octobre. C'est le 30 janvier 2013 que le satellite Swift a observé la comète. © Axel Mellinger, Nasa Goddard Space Flight Center

    Initialement, SwiftSwift est un observatoire spatial conçu pour traquer les bouffées de photons gamma (GRB ou gamma-ray burstsbursts) qui sont parmi les phénomènes les plus violents observés dans l'univers. Son télescope optique et ultravioletultraviolet (Uvot) permet de réaliser des images entre 170 et 650 nanomètresnanomètres, la bande de longueurs d'ondelongueurs d'onde où l'on peut identifier des radicaux hydroxyles produits par la photodissociation des moléculesmolécules d'eau des comètes, sous l'effet du rayonnement ultraviolet du Soleil. C'est pour cette raison que Swift avait étudié la comète Garradd au printemps 2012 alors qu'elle était à 1,5 UA de la Terre, permettant d'estimer que cette comète déversait chaque seconde dans l'espace environ 1.500 litres d'eau et 3,5 tonnes de poussières.

    Ison, une comète exceptionnellement active

    Le 30 janvier 2013, le télescope spatial Swift a donc pointé son télescope Uvot en direction de C/2012 S1, offrant aux scientifiques de la Nasa la possibilité de mesurer le volumevolume dégazé. Verdict : chaque seconde, la comète laisse échapper un peu moins d'une tonne de poussière et seulement un litre d'eau. Pour les chercheurs, il faut considérer ces valeurs en se rappelant la distance qui sépare actuellement Ison du Soleil : 740 millions de km tout de même, ce qui explique le faible volume d'eau. À cette distance, le volume dégazé reste impressionnant, de l'ordre de celui observé sur la grande comète Hale-Bopp, dont le passage au printemps 1997 est encore dans toutes les mémoires d'astronomes. Les mesures réalisées par le télescope Uvot permettent également d'estimer la taille du noyau de la comète Ison : il aurait un diamètre d'environ 5 km (une taille assez typique chez les comètes), et seulement 10 % de sa surface (la zone la plus exposée au Soleil) serait à l'origine du dégazagedégazage actuellement observé.

    Si la comète Ison résiste à son passage à 1,2 million de km du Soleil le 28 novembre prochain (passage pendant lequel elle pourrait perdre jusqu'à 10 % de son volume), elle s'approchera ensuite à 64 millions de km de la Terre le 26 décembre. Elle pourrait alors faire partie des plus brillantes comètes observées jusqu'ici.