Cette nuit à Cap Canaveral, une fusée Atlas V a lancé deux sondes vers notre satellite. LRO et LCross s'apprêtent à cartographier la Lune en vue des futures missions habitées.

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    Une vue d'artiste de la sonde LRO en orbite autour de la Lune, sur une image de fond venue du programme Apollo. © Nasa

    Une vue d'artiste de la sonde LRO en orbite autour de la Lune, sur une image de fond venue du programme Apollo. © Nasa

    Après les missions réussies par les Européens (Smart), les Chinois (Chang’e), les Japonais (Kaguya) et les Indiens (Chandrayaan), les Etats-Unis sont de retour sur la Lune. Hier soir jeudi, à 21 h 32 (TU, 23 h 32 heure française), une fuséefusée Atlas V a emporté deux sondes, LRO (Lunar Reconnaissance Orbiter) et LCross (Lunar Crater Observation and Sensing Satellite). A 2 h 34 TU, la première s'est séparée de l'attelage formé par l'étage supérieur Centaur et la sonde LCross.


    Décollage de Cap Canaveral de la fusée Atlas V. Crédit Nasa

    LRO a désormais commencé son voyage vers la Lune, qu'elle atteindra mardi prochain (23 juin) à 12 h 43 (heure française). Equipée de sept instruments, la sonde s'installera pour au moins un an sur une orbite polaire basse, à 50 kilomètres d'altitude, pour établir une cartographie détaillée du sol lunaire, notamment des régions polaires.

    La fusée Atlas V avec les sondes LRO et LCross dans sa coiffe, décolle de Cap Canaveral, en Floride. (Cliquer sur l'image pour l'agrandir.) © <em>United Launch Alliance</em>/Pat Corkery

    La fusée Atlas V avec les sondes LRO et LCross dans sa coiffe, décolle de Cap Canaveral, en Floride. (Cliquer sur l'image pour l'agrandir.) © United Launch Alliance/Pat Corkery

    LRO utilisera un altimètre laser (Lola, pour Lunar Orbiter Laser Altimeter), un radar (Mini-RF, Miniature Radio Frequency) et trois appareils photographiques, dont l'un est équipé d'un téléobjectif et les deux autres de grands angles. Le premier, que l'on pourrait appeler un télescopetélescope, fournira des images en noir et blanc des régions polaires avec une résolutionrésolution inférieure à un mètre. Les seconds nous offriront des images en couleurcouleur.

    A la recherche de l'eau

    L'un des buts de la mission LRO est de découvrir des gisementsgisements d'eau, sous forme de glace, en surface ou enfouies dans le sous-sol. Un radiomètreradiomètre (DLRE,Diviner Lunar Radiometer) cherchera au niveau des pôles les zones suffisamment froides pour avoir retenu de l'eau solidesolide. Dans ces régions, le Lamp (Lyman Alpha Mapping Project) mesurera le rayonnement électromagnétique à la longueur d'ondelongueur d'onde de la raie Lyman alpha, caractéristique de l'hydrogènehydrogène neutre et signe vraisemblable de la présence d'eau. Enfin un détecteur de neutronsneutrons (LEND, Lunar Exploration Neutron Detector) dressera une carte de la distribution d'hydrogène dans le sol.

    La sonde LRO et ses six instruments (voir dans le texte). © Nasa/Debbie McCallum

    La sonde LRO et ses six instruments (voir dans le texte). © Nasa/Debbie McCallum

    La sonde dosera également les rayons cosmiquesrayons cosmiques grâce à l'instrument dénommé Crater (Cosmic Ray Telescope for the Effects of Radiation). L'objectif n'est pas seulement scientifique. Il s'agit de mesurer l'intensité de ce rayonnement qui pourrait représenter un grand danger pour les astronautesastronautes qui s'installeraient pour plusieurs jours ou plusieurs semaines sur le sol lunaire.

    Accrochée à l'étage Centaur, la petite sonde LCross mettra, elle, quatre mois pour atteindre la Lune le 9 octobre. Les deux éléments se sépareront et Centaur sera précipité vers le sol, près d'un pôle, dans un cratère à l'ombre où de l'eau pourrait se cacher. La sonde LCross observera l'impact pour permettre l'étude des éjectas puis la sonde elle-même ira s'écraser sur le sol lunaire.

    L'objectif principal de la NasaNasa est donc bien de préparer l'alunissage d'astronautes pour des missions longues. La présence de glace d'eau, récupérable dans le sol et utilisable par les expéditions, changerait profondément la donne.

    Car l'eau est lourde... En trouver sur place allègerait de manière considérable les vaisseaux spatiaux. Réponse dans les prochains mois.