Sous son allure de jet privé miniature, cet appareil biplace muni d'une fusée sera capable de décoller par ses propres moyens sur une piste puis d'atteindre 60 kilomètres d'altitude pour quelques minutes d'apesanteur.

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    Le Lynx Mark I, un avion spatial conçu comme un jet privé. © XCor

    Le Lynx Mark I, un avion spatial conçu comme un jet privé. © XCor

    Après le succès du SpaceShip One, dessiné par le génial Burt Rutan et financé par Virgin GalacticVirgin Galactic, qui a atteint deux fois l'espace en 2004, la compétition devient commerciale. Une poignée d'entreprises commencent à parler marché et tarifs. La société américaine XCor Aerospace promet l'aller et retour à 100.000 dollars, quasiment du low-cost pour un tel périple. A l'appui de ses dires, cette entreprise californienne, installée à Mojave, vient de présenter le Lynx Mark I, un avion spatialavion spatial encore dans les limbeslimbes mais dont on nous promet qu'il volera dans deux ans.

    De la taille d'un avion de tourisme, cet appareil biplace est propulsé par une fuséefusée, alimentée en kérosènekérosène (le carburant classique des avions à réaction) et en oxygène liquide. L'engin pourrait décoller par ses propres moyens depuis une piste d'un aérodrome, ce qui le distingue du SpaceShip Two, de l'équipe de Virgin Galactic, qui prendra l'air suspendu à un avion, mais embarque huit personnes (dont les deux pilotes).

    Le Lynx Mark I en vol (vue d'artiste). © XCor

    Le Lynx Mark I en vol (vue d'artiste). © XCor

    Après son décollage, le Lynx Mark I grimpera quasiment à la verticale durant trois minutes, avant l'extinction du moteur, à 42 kilomètres au-dessus du sol, pour poursuivre son vol en trajectoire balistique. Les passagers, ou plus exactement le pilote et son passager, vivront alors quatre minutes d'apesanteurapesanteur pendant cette trajectoire parabolique au cours de laquelle le Lynx Mark I atteindra 60 kilomètres d'altitude. Il ne s'agit donc pas d'un vol spatial puisque la limite officielle de l'espace a été fixée à cent kilomètres. Mais on n'en est pas loin. On se souvient que l'US Air Force, notamment à l'occasion des essais de l'avion spatial X15, considérait que l'espace commence à environ 80 kilomètres (50 miles).


    Un vol en images de synthèse, jusqu'à 60 kilomètres d'altitude. © XCor

    Une demi-heure pour aller frôler l'espace

    Au début de la descente, l'appareil et ses occupants devront encaisser une décélération de 4G4G (ils pèseront donc quatre fois leur poids), supportable mais plutôt inconfortable. Le Lynx Mark I descendra ensuite en vol planévol plané pour retourner vers son aérodrome de départ, comme la navette spatiale, mais le réacteur pourra être allumé si le pilote se sent un peu court dans son approche... Durée prévue pour ce saut de puce : 30 minutes.

    Bien sûr, on atteint un prix de l'heure de vol astronomique si l'on compare à un avion privé mais ce billet pour s'approcher de l'espace est - pour l'instant - compétitif puisque Virgin Galactic demandera le double pour un vol dans son Spaceship Two. Côté environnemental, ce voyage de luxe a de quoi peiner un écologiste convaincu mais Jeff Greason, le président de la société, affirme que son avion rejette moins de particules que n'importe quel engin propulsé par une fusée. Il ajoute aussi que des versions ultérieures pourront être utilisées à des fins scientifiques ou commerciales. Le modèle II serait d'ailleurs déjà envisagé et l'entreprise espère lui faire atteindre une altitude deux fois supérieure.

    Le EZ-Rocket est une adaptation du Long-EZ, un avion de tourisme à voilure canard dessiné par un certain Burt Rutan, et dérivé du Vari-EZ, plus petit, dont le prototype a volé en 1975, avant de faire le bonheur de nombreux pilotes dans le monde. Le moteur et l'hélice propulsive (à l'arrière) sont remplacés par deux tuyères XR-4A3, consommant de l'alcool isopropylique et de l'oxygène liquide. Chacune génère une poussée de 180 kilogrammes. XCor a depuis réalisé deux tuyères plus lourdes, dans lesquelles l'alcool est remplacé par du kérosène, comme sur le futur Lynx Mark I, et fournissant 680 et 820 kilogrammes. © XCor

    Le EZ-Rocket est une adaptation du Long-EZ, un avion de tourisme à voilure canard dessiné par un certain Burt Rutan, et dérivé du Vari-EZ, plus petit, dont le prototype a volé en 1975, avant de faire le bonheur de nombreux pilotes dans le monde. Le moteur et l'hélice propulsive (à l'arrière) sont remplacés par deux tuyères XR-4A3, consommant de l'alcool isopropylique et de l'oxygène liquide. Chacune génère une poussée de 180 kilogrammes. XCor a depuis réalisé deux tuyères plus lourdes, dans lesquelles l'alcool est remplacé par du kérosène, comme sur le futur Lynx Mark I, et fournissant 680 et 820 kilogrammes. © XCor

    XCor Aerospace n'est pas une société novice en la matièrematière. Elle a mis au point plusieurs réacteurs, utilisant divers combustiblescombustibles. A son actif figure notamment une pompe à carburant capable de fonctionner avec un réservoir non pressurisé. Depuis 2002, la société fait voler le EZ-Rocket, un petit avion dont le moteur à hélice a laissé place à deux tuyèrestuyères alimentées par de l'alcoolalcool isopropylique et de l'oxygène liquide, et offrant une poussée de 180 kilogrammeskilogrammes chacune. C'est cet appareil qui a servi à valider un certain nombre de concepts qui seront mis en œuvre dans le Lynx Mark I. XCor annonce le début de la phase d'essais en vol à partir de 2010, espérant aboutir à une version définitive six mois plus tard.