Un chercheur de l’université du Michigan travaille à reproduire sur Terre les conditions de la planète Mars, pour voir comment se comporteraient certains organismes extrêmophiles terrestres dans une saumure martienne.

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    Petite tranchée creusée par le lander Phoenix de la Nasa qui montre la présence de glace d'eau. © Nasa/JPL-Caltech/U. Arizona/Texas A&M University

    Petite tranchée creusée par le lander Phoenix de la Nasa qui montre la présence de glace d'eau. © Nasa/JPL-Caltech/U. Arizona/Texas A&M University

    À ce jour, si de nombreux indices laissent à penser que la planète Mars a très tôt dans son histoire été favorable à la vie, rien n'indique que des organismes aient réellement pu exister, malgré les récentes observations par Mars Reconnaissance OrbiterMars Reconnaissance Orbiter de possibles écoulements d'eau récents en surface. D'où l'idée de Nilton O. Renno, chercheur à l'université de Michigan, de reproduire en laboratoire des conditions martiennes afin de voir si des micro-organismesmicro-organismes terrestres peuvent y survivre. Une idée qui le taraude depuis la découverte de gouttelettes de saumure apparues sur les structures de l'atterrisseur PhoenixPhoenix après sa mission sur Mars en mai 2008.

    Comme le rappelle ce scientifique, « partout où il y a de l'eau à l'état liquideétat liquide sur Terre, il y a de la vie microbienne. Alors pourquoi pas sur Mars » ! L'idée est de reproduire de la saumuresaumure martienne avec les mêmes conditions de pression atmosphériquepression atmosphérique et de température martiennes, puis de les ensemencer avec des extrêmophilesextrêmophiles résistants au sel, pour voir si ces micro-organismes sont capables de survivre et de se reproduire dans de telles saumures. « Si nous montrons que des organismes sont capables de le faire, alors nous aurons la preuve que des microbes pourraient très bien exister sur Mars aujourd'hui », explique Renno.

    La vie sur Mars est-elle possible ?

    L'idée de mettre ainsi à l'épreuve des organismes dans un milieu semblable à celui de Mars n'est pas nouvelle. Des expériences similaires ont été réalisées dans les années soixante mais on ignorait à l'époque l'existence de ces extrêmophiles ainsi que les caractéristiques régnant à la surface de la Planète rouge.

    Quant à l'expérience de N. Renno, même si elle se conclut par des résultats positifs, elle ne nous apprendra pas ce que nous pourrions découvrir sur Mars. Au mieux, nous saurons que les conditions martiennes n'interdisent pas la vie de certains germesgermes terrestres particulièrement résistants, et que la vie de certaines bactéries terrestres est possible sur Mars. Mais nous ne saurons pas ce qu'a pu donner une éventuelle vie indigèneindigène ayant suivi son propre chemin évolutif.

    Pour approfondir cette question, on peut brièvement aborder les travaux de Jay Melosh, de l'université de Purdue, montrant qu'il est possible que des bactériesbactéries aient été transportées d’une planète à l’autre, dans le Système solaire, par des météorites arrachées d'une planète et tombant sur une autre. Dans ce cas, on pourrait imaginer que des bactéries terrestres aient pu débarquer sur Mars - ou l'inverse... - et y aient trouvé un milieu favorable. Par la suite, leur évolution aurait été différente que sur Terre, mais le point de départpoint de départ biologique serait le même. Pour en revenir à l'expérience de Renno, même si le milieu martien a bien évolué depuis cette époque, la démonstration d'une capacité de survie des bactéries terrestres dans les conditions martiennes rendrait ce scénario moins spéculatif. À suivre, donc.