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    Introduction

    Introduction

    Pour nombre d'entre nous, le mot requin évoque deux choses: un terrible prédateur et un animal provenant de la nuit des temps. S'il est vrai que les requins sont le résultat d'une très longue histoire, ils sont loin d'avoir traversé cette immensité sans changement, et le requin que nous connaissons aujourd'hui n'a que peu de choses à voir avec ses premiers ancêtres, vieux de 430 millions d'années. Quant à l'image du terrible prédateur, elle est bien sûr vrai pour quelques formes actuelles, tel le grand requin blancgrand requin blanc, mais ce serait une erreur de limiter les requins à ces archétypesarchétypes. Leur monde est beaucoup plus varié que cela, du minuscule sagre elfe de 18 centimètres de long, jusqu'au gigantesque requin baleine de 18 mètres de long, tous deux bien inoffensifs à leur manière.

    Le sagre elfe,<em> Etmopterus perryi</em> - &copy; Dessin Alain Beneteau

    Le sagre elfe, Etmopterus perryi - © Dessin Alain Beneteau

    En fait, le terme de requin est réducteur par rapport à la diversité que représente les poissonspoissons cartilagineux, ou Chondrichthyes. Ces poissons se caractérisent, comme leur nom l'indique, par l'absence d'os dans leur squelette qui est constitué exclusivement de cartilagecartilage. Ils incluent aujourd'hui les requins proprements dits (490 espècesespèces), les raies (573 espèces) et les chimèreschimères (40 espèces).

    Les fossilesfossiles de poissons cartilagineux sont très abondants, mais très incomplets: on ne retrouve en général que les dents de ces animaux, car leur mode de remplacement "en tapis roulanttapis roulant" permet à chaque individu d'en produire plusieurs milliers de son vivant, excepté chez les chimères, où les dents fusionnent les unes avec les autres pour former des plaques soudées aux mâchoires. Le reste de leur squelette ne se fossilise que très rarement car le cartilage, tissu non minéralisé, possède une capacité à se préserver dans la roche bien moindre que celle de l'os, qui lui est composé à 65% de minérauxminéraux. En plus des dents, on peut également retrouver les minuscules denticules dermiques couvrant leur corps, qui ont en fait la même structure que les dents, et les épines que l'on trouve parfois en avant de leur nageoire dorsale (voir le dessin du sagre elfe ci-dessus).

    Dent fossile de <em>Protolamna</em> du Crétacé inférieur de Tunisie, à gauche, et épine dorsale d'un requin hybodonte du Crétacé inférieur de Thaïlande, à droite. &copy; Photo G. Cuny

    Dent fossile de Protolamna du Crétacé inférieur de Tunisie, à gauche, et épine dorsale d'un requin hybodonte du Crétacé inférieur de Thaïlande, à droite. © Photo G. Cuny

    Reconstituer l'histoire de ces animaux est fort compliqué car lié à ce paradoxe: une abondance de fossiles, mais en general très incomplets, et donc difficile à interpréter.