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    Comment mesurer de façon scientifique un concept a priori aussi abstrait que le rêve ? La vérité, c'est que l'on ne peut pas. Ou en tout cas, presque pas... La seule mesure scientifique que l'on parviendra à effectuer est celle des différentes phases de sommeilsommeil, dont celle du sommeil paradoxalsommeil paradoxal, communément associée au rêve.

    Electroencéphalogramme. © Marina Pousheva, Shutterstock 
    Electroencéphalogramme. © Marina Pousheva, Shutterstock 

    EEG, EMG et EOG pour mesurer les phases du sommeil

    Pour ce faire, il faut effectuer un électroencéphalogrammeélectroencéphalogramme (EEG), c'est-à-dire un enregistrement de l'activité électrique du cerveaucerveau, pendant la période de sommeil. On place de petites électrodes à la surface du cuir chevelucuir chevelu. Celles-ci vont capter les différences de potentiel électrique produites au niveau du cortexcortex, ce qui va se traduire par le tracé d'une courbe : c'est l'EEG. C'est cette courbe ondulatoire qui permet de repérer les phases de sommeil : ondes éloignées pendant le sommeil lent, beaucoup plus rapprochés pendant le sommeil paradoxal, où l'activité électrique corticale est aussi importante que pendant l'éveil. Mais le tracé n'indique pas si la personne a rêvé ou non pendant cette phase de sommeil paradoxal. Cet examen est réalisé par un neurologue, qui va ensuite analyser le tracé. Il est relativement récent puisqu'il a vu le jour dans les années 1920.

    Pour compléter l'expérience, on réalise également un électromyogramme (EMGEMG). De la même façon qu'on enregistre l'activité électrique du cerveau, on mesure celle des muscles. Quant à l'électro-oculogrammeélectro-oculogramme (EOG), il permet d'observer les mouvements des yeuxyeux : ainsi, on peut repérer la phase de sommeil paradoxal grâce aux mouvements très rapides des yeux ou REM (Rapid Eye Movement).

    L’électroencéphalogramme ne permet pas de mesurer les rêves, il renseigne sur les phases de sommeil. © DR
    L’électroencéphalogramme ne permet pas de mesurer les rêves, il renseigne sur les phases de sommeil. © DR

    L'ensemble de ces trois données (EEG, EMG et EOG), mesurées sur la durée du sommeil, va permettre de bâtir un hypnogramme, c'est-à-dire une carte de l'activité électrique au cours du sommeil. On y repère très bien les différentes phases du cycle et les différents cycles successifs.

    Les chercheurs, quant à eux, vont plus loin, notamment dans leurs expériences sur les animaux. Ils peuvent par exemple injecter des substances radioactives avant d'effectuer un examen d'imagerie à résonance magnétique (IRMIRM) : c'est un moyen d'observer quelles zones du cerveau sont activées ou non pendant les différentes phases du sommeil ou de l'éveil. Mais là encore, on ne peut pas dire précisément si l'activation de ces zones correspond à un rêve ou tout simplement au sommeil paradoxal.

    Les critères objectifs du rêve

    Une autre solution pour repérer le sommeil paradoxal consiste à en observer les signes physiques. Michel Jouvet, éminent chercheur spécialiste du sommeil et du rêve, dont les travaux sont mondialement reconnus, avait ainsi listé des « critères objectifs du rêve ».

    • Absence de tonus musculaire : difficile à observer allongé mais se perçoit lorsqu'une personne commence à s'endormir sur sa chaise par exemple. Le cou se « casse », la tête tombe, le corps est mou, avachi.
    • À l'inverse, les mouvements oculairesoculaires sont rapides.
    • Rythme cardiaque et respiration deviennent irréguliers.
    • Chez les hommes on constate une érection, sans rapport avec le contenu du rêve et à tous les âges de la vie.
    La phase de sommeil paradoxal. En rouge, le tracé de l’électroencéphalogramme. Au-dessus, les mouvements oculaires (électro-oculogramme). © Wikimedia Commons, DR
    La phase de sommeil paradoxal. En rouge, le tracé de l’électroencéphalogramme. Au-dessus, les mouvements oculaires (électro-oculogramme). © Wikimedia Commons, DR

    La seule façon de savoir si le cobaye que l'on étudie vient de faire un rêve, c'est de le réveiller et de le lui demander ! Théoriquement si la personne est réveillée pendant la phase de sommeil paradoxal, elle devrait se souvenir de son rêve en détail ou, du moins, se souvenir qu'elle était en train de rêver. D'où la piste de l'électroencéphalogramme, aide précieuse pour mesurer les phases de sommeil.