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    Il existe depuis HérodoteHérodote (Histoires ou Enquête, rédigé vers 445 avant J.-C.) de nombreuses explications à la constructionconstruction de la grande pyramide : système de canalisationcanalisation d'eau avec éclusesécluses à l'intérieur, grues par centaines sur les façades, rampe externe de 146 mètres de haut pour 1,6 km de long, aide des extraterrestres... Malgré cela, les archéologues restent sceptiques, puisque toutes ces théories comportent au moins une anomalieanomalieNéanmoins, Jean-Pierre Houdin et son père Henri proposent une explication qui n'a pas été réfutée.

    Quelle est l'origine de la théorie de la rampe intérieure de Khéops ? Ici, le sphinx de Gizeh, près de la pyramide de Khéops. © Olaf Tausch, CC by 3.0
    Quelle est l'origine de la théorie de la rampe intérieure de Khéops ? Ici, le sphinx de Gizeh, près de la pyramide de Khéops. © Olaf Tausch, CC by 3.0

    L'histoire commence quand le père de Jean-Pierre Houdin, Henri Houdin, est venu présenter son idée de rampe interne sur une simple feuille de brouillon, en y représentant une spirale. Cet ancien ingénieur est pour ainsi dire à l'origine de cette belle aventure. Jean-Pierre Houdin, l'« homme en noir », a su écouter et comprendre la théorie de son père pour y apporter des améliorations. 

    Le premier croquis montrant l’idée d’une rampe intérieure en spirale fut dessiné par Henri Houdin. © Jean-Pierre Houdin
    Le premier croquis montrant l’idée d’une rampe intérieure en spirale fut dessiné par Henri Houdin. © Jean-Pierre Houdin

    Il aura fallu la rencontre de Bob Brier pour que Jean-Pierre Houdin trouve une oreille archéologique à son problème, celui de prouver que sa théorie n'en est plus une. Mais le combat risque d'être encore long. Obtenir les autorisations de fouille n'est pas chose aisée ; un spécialiste des momies comme Bob Brier n'est pas un directeur de fouille. Même si, dans l'entourage de Jean-Pierre Houdin ou Bob Brier, certaines personnes peuvent exercer cette mission, elles ont bien souvent un chantier en cours. Or, il est interdit de diriger deux chantiers de fouilles à la fois.

    L'architecte Jean-Pierre Houdin (en arrière-plan) proposant une autre forme de rampe. À ses côtés, son père, Henri Houdin, à l’origine de la première forme imaginée de la rampe interne, une spirale. © Gedeon Programmes
    L'architecte Jean-Pierre Houdin (en arrière-plan) proposant une autre forme de rampe. À ses côtés, son père, Henri Houdin, à l’origine de la première forme imaginée de la rampe interne, une spirale. © Gedeon Programmes

    Michaël Bagot : Pourquoi avez-vous corrigé la feuille de brouillon de votre père, sur sa proposition de rampe intérieure ?

    Jean-Pierre Houdin : En fait, c'est Jean Kérisel, un ami de mon père qui était devenu égyptologue amateur, qui lui avait dit de regarder le 1er janvier 1999 un documentaire de France 2, Le mystère des pyramides, de Jean-François Delassus, avec la participation de François de Closets, dans lequel il était interrogé sur Khéops.

    C'est pendant la projection du documentaire que mon père a imaginé : construire de l'intérieur avec une rampe. Quelque temps plus tard, il a montré à Jean Kérisel le croquis avec la rampe circulaire. Jean Kérisel a rigolé en lui disant que les Égyptiens ne connaissaient pas la roue, qu'ils transportaient les blocs sur des traîneaux et donc qu'une rampe circulaire n'était absolument pas adaptée : les traîneaux auraient continuellement frotté dans la courbe et les équipages auraient toujours été de travers.

    Interprétation des mesures de microgravimétrie de la campagne de recherche de 1986. En vert, les zones de faible densité pouvant traduire la présence de cavités. © J. Laksmanan, H. D. Bui, P. Delétie, J.-P. Baron, fondation EDF
    Interprétation des mesures de microgravimétrie de la campagne de recherche de 1986. En vert, les zones de faible densité pouvant traduire la présence de cavités. © J. Laksmanan, H. D. Bui, P. Delétie, J.-P. Baron, fondation EDF

    Mon père est rentré déçu. On a réfléchi, et je lui ai dit que l'on n'avait qu'à « casser » la rampe en sections droites et quarts de tour : cela résolvait ce problème de base. C'est là que j'ai vraiment commencé à me pencher sur le problème, mais le grand saut a eu lieu à l'été 2000, quand on a eu les images de la microgravimétrie...

    Quelles étaient les probabilités que cette anomalie microgravimétrique ne montre pas une rampe en spirale ascendante ? On en est arrivé à la conclusion que les probabilités étaient proches de zéro.

    Michaël Bagot : Depuis quand savons-nous que les Égyptiens ne connaissaient pas la roue ? En est-on sûr ?

    Jean-Pierre Houdin : Pour avoir une roue efficace, il faut un axe solide en fer, sinon l'axe casse (surtout pour tirer de lourdes charges). Pour forger le fer, il faut monter en température, avoir des hauts-fourneaux à plus de 1.000 °C et beaucoup de boisbois.

    L'Égypte n'est pas un pays de forêts : pas de bois, donc pas de hauts-fourneaux. Les plus hautes températures atteintes permettaient de forger du cuivre, ce qui n'était pas suffisant pour des axes.

    Le plan d’EDF ressemble vraiment à ce hiéroglyphe, qui signifie « plan d’édifice ». © Gaëtan Malarde
    Le plan d’EDF ressemble vraiment à ce hiéroglyphe, qui signifie « plan d’édifice ». © Gaëtan Malarde

    Michaël Bagot : Quel a été l'impact de ces révélations dans le milieu archéologique ? Y a-t-il une forme sectaire de cet univers ?

    Jean-Pierre Houdin : Je vous l'ai peut-être déjà dit, Christian Jacq a écrit dans un de ses livres, L'Égypte vue du ciel, l'extrait suivant :

    « De nombreuses théories ont été avancées, mais aucune ne résolvait l'ensemble des problèmes techniques. [...] Il aura fallu attendre le début du troisième millénaire pour qu'un architecte, Jean-Pierre Houdin, tombé amoureux de la pyramide de Khéops au point de lui consacrer dix années de recherches, nous procure une solution satisfaisante. La grande pyramide, pourrait-on dire, n'a pas été construite de l'extérieur, mais de l'intérieur, grâce à une rampe interne, une galerie de service en spirale avec des espaces ouverts aux angles de l'édifice. Une seule difficulté : Houdin n'appartient pas au sérail et son exposé froisse nombre de susceptibilités. En dépit d'une démonstration effectuée à l'aide de la 3D numériquenumérique, sa découverte peinera à franchir les cercles académiques qui n'en reconnaissent le bien-fondé qu'en privé»

    Christian Jacq évoque la théorie de Jean-Pierre Houdin dans l'un de ses ouvrages. © DR
    Christian Jacq évoque la théorie de Jean-Pierre Houdin dans l'un de ses ouvrages. © DR

    Michaël Bagot : Comment les autorités égyptiennes ont-elles perçu votre message ? Qui est Bob Brier ?

    Jean-Pierre Houdin : Bob Brier est un monsieur très bien, très sympathique, qui, à la base, a un doctorat en physique quantique, mais qui s'est passionné pour l'Égypte ancienne et a tout chamboulé pour vivre sa passion. Il est devenu « monsieur momie » (Mister Mummy) et est très connu aux États-Unis.

    Bob Brier est le premier archéologue à soutenir la théorie de Jean-Pierre Houdin. © Pat Remler
    Bob Brier est le premier archéologue à soutenir la théorie de Jean-Pierre Houdin. © Pat Remler

    Les autorités égyptiennes pouvaient se résumer à une seule personne depuis plus de quinze ans : le docteur Zahi Hawass.