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    Cardère. © thmor60, Flickr CC by nc-nd 2.0

    Cardère. © thmor60, Flickr CC by nc-nd 2.0

    La cardère a presque disparu aujourd'hui. Elle existe encore dans certains endroits à l'état plus ou moins sauvage mais elle n'est plus cultivée alors qu'elle l'était intensément au XIXe.

    • Nom latin : Dipsacus fullonum L.
    • Famille Dipsacaceae
    • Catégorie : herbacée bisannuelle, rosetterosette basale la première année,  tige florifère dressée la deuxième année.
    • Feuillage : les feuilles oblongues de la rosette sont persistantes, elles disparaissent avant la floraison. La seconde année les feuilles le long de la tige florale sont rugueuses, oblongues  et leur nervure médiane est épineuse. Soudées par paires et opposées elles forment de petites coupes qui retiennent l'eau d'où le nom commun de « Cabaret des Oiseaux ».
    • Floraison : haute tige anguleuse portant de gros capitules ovoïdes, entourés d'une collerette de longues bractées.
    • CouleurCouleur : petites fleurs mauves régulièrement disposées entre les bractéoles piquantes des capitules.
    • Hauteur : 1 à 2 m la deuxième année.
    • Sol : riche, profond, frais à humide, souvent argileux.
    • Emplacement : soleilsoleil, le long des routes, rivières, fossés, dans des friches.
    • Origine : Europe, Afrique du Nord. Naturalisé en Amérique du Nord.

    Ses capitules secs étaient enfilés sur des supports et utilisés pour carder les draps de laine et le feutre servant à confectionner les manteaux de luxe et les uniformes, les tapis de billard ou les couvertures de mohair...

    Cardère, plante entière. © DR

    Cardère, plante entière. © DR

    Autres espèces de cardères signalées par Telabotanica

    Image du site Futura Sciences

    La culture de la cardère en France

    Elle était surtout cultivée à proximité des manufactures de draps fins, et, à l'époque de Victor HugoVictor Hugo en 1862 il y avait encore 2.500 ha de cultures de cardère en France.

    St-Rémy-de-Provence faisait de la culture de cardère pour l'exportation et ceci dura pendant presque cent ans... l'autre région de culture la plus importante était la Picardie.

    Mais elle était aussi cultivée, selon ces témoignages, dans d'autres départements et pays.

    • L'Aude : dans la Géographie élémentaire du département de l'Aude (1875), Ditandy,1875: « Le chardon, qui demande des terres argileuses et fortes, a cessé d'être en faveur. Il épuise le sol et, depuis le ralentissement sensible de l'industrie drapière, il n'est plus d'un aussi bon rapport. On en trouve cependant à Donazac et à Alaigne, et beaucoup encore à Brézilhac. »
    • Le Tarn : dans Ch. Portal, Le Département du Tarn au XIXe siècle, il est précisé qu'en 1892 étaient recensés « 8 ha de chardon à foulon (30 quintaux valant 1.305 F) ».
    • Les Bouches du Rhône : « Charleval se trouve dans la vallée de la Durance. J'y ai ramassé des chardons à foulon avec mon père jusqu'en 1970, année où tous les paysans ont arraché les plantations parvenues à maturité parce que, si je me souviens bien, les Russes auxquels les remises d'expéditions de Cavaillon et Avignon envoyaient les chardons, avaient signé des contrats plus avantageux avec l'Espagne. »
    • En Alsace : la Flore Vogeso-rhénane de F. Kirschleger, 1870, mentionne la cardère : « Cultivé en grand dans quelques cantons, notamment à Bischwiller, Hoerdt, (Ober)Rausbergen pour l'usage des cardeurs de laine ». Son nom allemand était weberkarden.
    • En Allemagne : l'Encyclopédie allemande de Krünitz (XIXe), la mentionne dans les régions de Halle, Leipzig et en Silésie. 
    • En Grande-Bretagne, elle était cultivée dans la région de Wrington en Somerset, et en Essex.

    Le travail de la laine, les étapes

    La tonte se fait en général fin mai ; mais en altitude, la tonte a lieu en février : ainsi, lorsque le troupeau sera à l'extérieur, la laine aura repoussé et les brebis n'auront pas froid. Elle se pratique avec des ciseaux spéciaux, les forces : deux lames triangulaires reliées entre elles par un ressort en acieracier. La laine forme alors une toison homogène mais cette laine suintante doit être lavée et mise à sécher : c'est le dessuintage.

    Peignes à carder à la main. © DR

    Peignes à carder à la main. © DR

    Une fois lavée, il faut la démêler et enlever les petites saletés et les morceaux de plantes qui restent : c'est l'épaillage. Si on ne le fait pas, les saletés seront prises dans le fil, ce qui le rendra irrégulier et moins solidesolide à certains endroits.

    Pour ouvrir la laine, il faut la démêler à la main ou à la machine : on tient la laine et on tire dessus rapidement des deux mains jusqu'à ce que les fibres soient bien écartées. On pratique alors le louvetage et l'ensimageensimage. Quand on a fini de démêler la laine et de la nettoyer, il faut la peigner et la carder.

    Le peignage est une opération longue et pénible et se fait avec deux peignes. On passe l'un des peignes à travers la laine qui sort de l'autre et vice versa. Pour faciliter le glissement, il faut huiler celle-ci, mais aussi chauffer les peignes...

    Machine à carder de 1790. © DP

    Machine à carder de 1790. © DP

    Le cardage : propres, les brins de laine doivent être démêlés. Le cardage est la dernière étape de préparation de la laine avant le filage. Il permet de nettoyer encore et de séparer les fibres, et de les rendre parallèles. Les cardes manuelles sont deux planchettes en bois avec des pointes en métalmétal. On brosse les fibres de laine au moyen des pointes métalliques pour les aligner. On peut aussi le faire avec une paire de peignes à dents courbées, avec lesquels on effectue une série de va-et-vient. Les cardes sont montées sur une planche, qui permet de les tenir en s'asseyant. C'est au cardage que les laines de différentes couleurs étaient mélangées...

    Machine à carder du XX<sup>e</sup>. © DR

    Machine à carder du XXe. © DR

    Après le cardage, la laine pouvait être filée, mais pour obtenir un fil de meilleure qualité, mieux valait la peigner à nouveau. Du peigne on extrait des bandes de laine très fines, avec lesquelles on va faire la poupée qui sera placée dans la quenouille pour être filée.

    La fileuse passe la quenouille dans sa ceinture et sous son bras gauche. Elle introduit la laine et amorce le fil en étirant les brins de laine et en les torsadant entre ses mains. Périodiquement, elle l'enroule autour du fuseaufuseau.

    Bibliographie

    Champ lexical : plante des drapiers | dipsacus fullonum L.