La mise en service de la constellation Galileo de l’Union européenne s’est accompagnée de nouveaux services contribuant à sauver des vies humaines, notamment dans la recherche et le sauvetage des personnes en détresse, avec le service Return Link. Aujourd’hui, un nouveau service SAR-Galileo sera entièrement intégré au système Cospas-Sarsat existant. Laurent Arzel, chef de projet Navigation chez Telespazio France, qui pilote ce  projet, nous explique comment Galileo et Cospas-Sarsat fonctionneront ensemble pour sauver des vies.


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    Avec ses services fournis, la constellation Galileo a révolutionné la navigation par satellite en créant de nouvelles applications et en ouvrant de nouveaux marchés. Parmi ses nouveaux services, citons le Search and Rescue (SAR) pour tout les détenteurs d'une balise agréée Cospas/Sarsat qui, en soi, n'est pas nouveau mais GalileoGalileo améliore grandement les services des systèmes existants pour le secours aux personnes en détresse, dont le plus utilisé est celui de l'organisation Cospas-Sarsat qui s'appuie sur des satellites en orbite basse et géostationnaire haute pour fournir un service de recherche, et maintenant Galileo.

    Actuellement, lorsqu'une personne en détresse déclenche une balise, celle-ci transmet un signal en direction de l'espace. Si un satellite équipé d'un récepteur Cospas-Sarsat passe au-dessus du signal, il renvoie le signal à une station au sol qui calcule la position par effet Doppler avec une précision d'environ cinq kilomètres. La position est ensuite envoyée aux autorités les plus proches avec d'autres types d'information à propos de la balise et de son utilisateur. Pour la personne en détresse, rien ne garantit que son signal a bien été reçu par les secours et qu'ils sont en route. Mais ça, c'était avant.

    Voir aussi

    Bourget 2013 : tous les futurs services de Galileo, le GPS européen

    Depuis décembre 2016, Galileo insuffle un nouvel élanélan à la communauté SAR. L'ajout de ses satellites à la constellation Meosar, du réseau Cospas-Sarsat, offre des performances jusqu'alors inégalées : une couverture mondiale et permanente, une vitesse de détection des signaux de détresse améliorée et une précision accrue.

    Galileo apporte la garantie de la couverture de la totalité des mers et océans du globe, et d'autre part, chaque satellite de la constellation embarque un équipement dédié à la recherche et au sauvetage basé (partiellement) sur l'effet Doppler et un temps d'arrivée, fournissant un calcul précis de la position. Mieux encore, la personne en détresse reçoit une sorte d'accusé de réceptionréception de son appel, pouvant être matérialisé par un voyant d'une certaine couleurcouleur. Ce service, le Return Link Service (RLS) a été activé en janvier 2020. Il s'agit d'une innovation majeure.

    Les opérations de recherche et sauvetage (SAR) consistent à localiser et à aider les personnes en détresse partout sur le globe, y compris en mer, dans les montagnes ou les déserts, et dans les zones urbaines. Cette vidéo montre comment fonctionne le service Return Link de Galileo, du déclenchement de la balise au sauvetage de la personne en détresse. © Commission européenne

    Concrètement, il s'agit d'un service de liaison retour qui permet d'envoyer automatiquement un message sur une balise Cospas-Sarsat afin de confirmer à l'utilisateur dans un délai de quelques minutes à une demi-heure au maximum que sa détresse a bien été reçue et que les secours sont en route. Étant donné que l'aspect psychologique influe énormément et que la volonté de survie augmente lorsque l'on sait que les secours sont en route, on comprend tout l'intérêt de ce service public.

    Augmenter les chances de survie des personnes en détresse 

    Aujourd'hui, la Commission européenne veut améliorer le service Return Link en « permettant l'établissement d'une connexion directe entre la personne en détresse et le centre de secours », explique Laurent Arzel, chef de projet Navigation chez Telespazio France, qui pilote ce projet. La Commission a confié au consortium Serenity « la spécification, le prototypage et la démonstration d'un nouveau service SAR-Galileo qui sera entièrement intégré au système Cospas-Sarsat existant : le service Two Way Communication (TWC) (communication bidirectionnelle en français) ». Le consortium est mené par Telespazio France, opérateur de services satellitaires à forte valeur ajoutée. Acteur historique de la conquête spatiale, Telespazio France œuvre au quotidien à offrir au plus grand nombre un accès simple et direct à l'espace. Il s'appuie sur la technologie de Thales Alenia Space, acteur historique du SAR et fournisseur de la technologie Galileo Meosar.

    L'idée est de mettre en place un « canal de communication avec des messages prédéfinis entre les centres de secours et les personnes en détresse ». Avec une bande passantebande passante de seulement une centaine de bits, il n'est pas question de liaison vidéo ou voix mais une seule communication qui « consiste à envoyer des codes avec des questions et des réponses prédéfinies ». Aujourd'hui, les personnes en détresse qui activent leur balise reçoivent un accusé de réception. Demain, elles pourront mieux « décrire leur situation d'urgence et surtout confirmer qu'elles sont bien en détresse ».

    Le déclenchement d'une balise Cospas-Sarsat provoque l'émission d'un signal que de nombreux satellites, dont ceux de la constellation Galileo peuvent capter et relayer aux services de secours. © GSA
    Le déclenchement d'une balise Cospas-Sarsat provoque l'émission d'un signal que de nombreux satellites, dont ceux de la constellation Galileo peuvent capter et relayer aux services de secours. © GSA

    Aujourd'hui, à défaut d'autres moyens de communications (téléphone, GSMGSM...)) les secouristes n'ont aucun moyen de savoir si la « personne qui déclenche sa balise est réellement en situation de détresse ». On estime que « seulement 15 % des déclenchements de balise concernent des personnes réellement en situation de détresse ». De mauvaises manipulations ou des tests intempestifs de balise expliqueraient ce fort taux d'erreurstaux d'erreurs. Le fait d'ajouter des questions permettra de s'assurer qu'il « s'agit d'une vraie alerte et d'obtenir des informations essentielles sur la nature et les conditions de la situation de détresse ». Concrètement, les services de secours poseront des questions et « la personne en détresse les lira sur l'écran et choisira une des réponses prédéfinies avec des boutons (ou écran tactileécran tactile». Par exemple : « Combien êtes-vous à bord ? », plusieurs choix de réponses, tels que : de  '1 à 4', de '5 à 10' ... ».

    Une enquête en ligne pour déterminer les questions à poser aux personnes en détresse

    Ce service devrait améliorer l'efficacité des actions des RCC (Rescue Coordination Center) qui pourront mieux « adapter les besoins des équipes de secours à la situation en fonction des informations reçues du lieu de détresse ». La définition du service TWC fait l'objet d’une grande enquête en ligne auprès des utilisateurs.

    La Commission européenne souhaite une mise en service rapide, dès 2024. Le consortium Serenity a donc jusqu'à juillet 2022 pour « définir le service et réaliser une démonstration en conditions réelles ». Techniquement, il n'y a pas de points bloquants. Cela dit, comme il s'agit d'un service mondial, il faut garder à l'esprit que le Search and Rescue est très codifié du fait qu'il doit « pouvoir être utilisé partout dans le monde, quelque soit la langue des utilisateurs ». 

    Ensuite, pour rendre le service opérationnel, il va falloir faire adopter le service par Cospas-Sarsat, l'Organisation maritime internationale et l'Organisation de l'aviation civile internationale. Il y a un « travail de standardisation et de certificationcertification, ainsi que des consultations à prévoir au niveau diplomatique pour convaincre ces organismes » qui vient en compétition avec des systèmes de détresse s'appuyant sur d'autres technologies non-européennes

    Ce futur service sera gratuit, l'utilisateur devra cependant acheter une balise adaptée.